
Histoire d’un escadron à part : l’héritier du GLAM
Le 14 mars 1945, sur la base aérienne 107 de Villacoublay, naît officiellement le Groupe de liaisons aériennes ministérielles, plus connu sous son acronyme : GLAM. Dans l'immédiat après-guerre, la France se réorganise, et l’État a besoin d’un outil aérien fiable, discret et disponible pour transporter ses plus hautes autorités.
Avec le temps, les appareils changent — de Ju-52 et DC-3 à la série des Falcon — mais la mission reste. Et le prestige augmente. Ce sont les pilotes du GLAM qui embarquent les chefs d’État, les ministres, les diplomates. Ce sont aussi eux qui ramènent en France les soldats blessés sur les théâtres d’opération. Une mission noble, sensible, et exigeante. En 1995, le GLAM devient officiellement l’Escadron de Transport 60. Mais l’esprit reste intact : servir la Nation avec rigueur, humilité et réactivité.
Un ancrage stratégique : Villacoublay, base présidentielle
Installé depuis toujours sur la base aérienne 107 "Sous-lieutenant Dorme" de Villacoublay, l’ET60 n’est pas un escadron comme les autres. À quelques kilomètres de Paris, il est à la croisée des routes diplomatiques, des missions d’urgence, et de la sécurité nationale.
Derrière les portails discrets de la BA107, c’est une ruche d’activité : les Falcon 7X, 900EX et 2000LX, et les hélicoptères Super Puma y sont maintenus, préparés et mis en alerte. Les équipages y vivent au rythme des crises internationales et des opérations de soutien humanitaire ou militaire.
Tout est calibré ici : la ponctualité, la confidentialité, la continuité de commandement en vol. Villacoublay, c’est le cœur aérien de l’État français.
Une mission exigeante : transporter l’État, soigner la République
Le rôle de l’ET60 peut se résumer simplement : assurer le transport aérien des plus hautes autorités françaises et garantir une capacité permanente de MEDEVAC stratégique, notamment au profit des militaires blessés en opération.
Dans les faits, c’est beaucoup plus complexe : Chaque vol est une mission délicate. Un déplacement présidentiel nécessite une coordination millimétrée, une sûreté aérienne renforcée, des pilotes expérimentés. Le même appareil peut, quelques heures plus tard, décoller pour un rapatriement sanitaire transcontinental, avec une équipe médicale embarquée.
Ce double rôle — politique et humanitaire — confère à l’ET60 un statut unique dans l’armée de l’Air et de l’Espace. C’est l’escadron du devoir républicain.


80 ans, un jumelage, et un hommage au passé
Le juillet 2025, l’ET60 a fêté ses 80 ans sur son terrain historique, la BA107. Une cérémonie sobre mais riche en symboles.
C’est devant les personnels de l’escadron, des anciens revenus spécialement pour l’occasion, et une délégation britannique, que le général de brigade aérienne Cédric Colardelle, commandant la Brigade aérienne d’assaut et de projection (GBAAP), a annoncé une avancée majeure :
« Le jumelage entre l'escadron de transport 60 et son homologue de la Royal Air Force, le 32e Squadron, vient consacrer une fraternité opérationnelle et humaine. »
Ce rapprochement entre deux unités d’élite – l’ET60 à Villacoublay et le No. 32 (The Royal) Squadron basé à Northolt, près de Londres – fait écho au jumelage récent de leurs deux bases aériennes. Deux escadrons, deux nations, une même mission : servir la République ou la Couronne avec discrétion et excellence.
Mémoire et transmission
Après les discours, un survol symbolique de deux hélicoptères Super Puma a marqué la cérémonie. Puis, place à la mémoire vivante : exposition statique d’aéronefs anciens et modernes, présentation d’archives, retrouvailles intergénérationnelles.
Le commandant de l’escadron résume l’émotion du moment : « Ces 80 ans sont l’occasion de raviver les souvenirs, d’enrichir les échanges, et de transmettre une fierté unique : celle de servir dans l’ombre, mais toujours avec honneur. »
Les anciens du GLAM côtoient les jeunes pilotes sur Falcon. Les mécanos de l’A330 discutent avec ceux du Super Puma. Tous partagent le même ADN : la disponibilité, le sens du devoir, et l’excellence silencieuse. En 80 ans, l’ET60 s’est imposé comme un pilier discret mais essentiel de la puissance aérienne française. Héritier du GLAM, bras aérien de la République, relais humanitaire des armées, il incarne une mission rare, à la frontière du politique, de l’opérationnel et de l’humain. Et avec son nouveau jumelage britannique, l’escadron tourne résolument ses ailes vers l’avenir. Car dans le ciel, la confiance n’a pas d’âge.


