Base aérienne 120 « Commandant Marzac »
Située à La Teste-de-Buch, près de Cazaux en Gironde, la base aérienne 120 « Commandant Marzac » figure parmi les plus anciennes bases aériennes françaises encore en activité, aux côtés des bases d’Avord et d’Istres. Créée en septembre 1915, elle est un témoin vivant de l’évolution de l’aviation militaire française, depuis les prémices du combat aérien jusqu’aux missions modernes de formation, d’entraînement et d’expérimentation.
L’histoire de Cazaux débute dès 1913, lorsqu’un capitaine pilote, Ferdinand Marzac, est chargé de repérer un site dédié aux exercices de tir aérien à partir d’avions, alors que le concept de combat aérien était encore à ses balbutiements. La municipalité de La Teste offre un vaste terrain en janvier 1914, mais la Première Guerre mondiale ralentit la mise en place de la base, l’aviation étant alors cantonnée à la reconnaissance. Ce n’est qu’en septembre 1915 que l’école des mitrailleurs aériens ouvre officiellement ses portes sous le commandement de Marzac, marquant le début de l’instruction au pilotage et au tir en vol, fondement du combat aérien moderne.
Durant les années suivantes, la base développe ses capacités en formation à la défense contre avions et la lutte anti-sous-marine, tout en conservant sa vocation d’entraînement au tir aérien, un rôle qu’elle partage aujourd’hui avec la base aérienne 126 de Solenzara en Corse.
Après la Seconde Guerre mondiale, Cazaux s’impose également comme centre d’essais pour le Centre d’essais en vol (CEV) de Brétigny, notamment sur les missiles et les armements classiques, contribuant à l’avancement des technologies militaires françaises.
Dans les années 1960, la base accueille l’Escadron de bombardement 2/91 Bretagne, unité stratégique des Forces aériennes stratégiques, opérant le Dassault Mirage IVA, vecteur de la dissuasion nucléaire française. Ce rôle s’étend jusqu’aux années 1990, avec la transition vers le missile de croisière ASMP. L’escadron est dissous en 1996, marquant une nouvelle orientation vers l’entraînement et la formation.
Un centre de formation international et multidisciplinaire
Aujourd’hui, la base de Cazaux est avant tout un centre majeur de formation et d’entraînement, avec une piste longue de 2 400 mètres aux standards OTAN, et des infrastructures modernes. Elle a accueilli pendant 14 ans la célèbre école de chasse binationale franco-belge, l’Advanced Jet Training School (AJeTS), qui formait les pilotes des deux armées sur Alphajet avant la fin de cette coopération en 2018.
Depuis 1999, la base est également un site stratégique pour la formation des pilotes singapouriens, avec le No 150 Squadron de la Force aérienne de la République de Singapour. Initialement équipé d’A-4SU Super Skyhawk, ce squadron dispose désormais d’Aermacchi M-346 destinés à préparer ses pilotes au pilotage de chasse avancé, avant leur affectation sur F-16 ou F-15. Plus de 120 pilotes singapouriens y ont été brevetés à ce jour, témoignant de l’importance internationale de la base.
Au-delà de la formation au pilotage, Cazaux dispose d’une aire à feu modernisée (depuis 2005) qui sert à l’entraînement au tir aérien, une activité clé depuis ses origines. Elle accueille également de nombreux centres d’expertise et de formation spécialisés :
Le Centre d’Expertise de l’Armement Embarqué (C.E.A.E.), qui forme plusieurs centaines de stagiaires chaque année,
Le Groupe Instruction Sécurité des Vols (G.I.S.V.) de la Gendarmerie nationale,
Le Groupe d’Intervention NEDEx, spécialisé en neutralisation d’explosifs,
Le Centre de Formation à la Survie et au Sauvetage (CFSS), formant les personnels navigants aux techniques de survie SERE,
Le Centre d’Expertise NRBC, garant de la formation et de la doctrine dans les domaines nucléaire, radiologique, biologique et chimique.
Une base aérienne dynamique et polyvalente
La base abrite depuis 2015 la 8e escadre de chasse, qui regroupe plusieurs escadrons d’entraînement sur Alphajet :
L’escadron de transition opérationnelle 2/8 « Nice »,
L’escadron d’entraînement 3/8 « Côte d’Or »,
L’escadron de soutien technique aéronautique 15.008 « Pilat », responsable de la maintenance des Alphajet.
S’ajoute à cela l’Escadron d’hélicoptères 1/67 « Pyrénées », équipé d’EC 725 Caracal, unité de forces spéciales assurant à la fois le sauvetage en mer et sur terre (SAR/CSAR).
Enfin, la base est un site-clé pour la DGA Essai en Vol, notamment pour les essais en vol d’armement et de munitions.
L’escadron d’hélicoptères EH 1/67 « Pyrénées »
L’Escadron d’Hélicoptères 1/67 « Pyrénées » est une unité emblématique de l’armée de l’air française, stationnée sur la base aérienne 120 de Cazaux. Spécialisé dans la recherche et le sauvetage, il assure en temps de paix la mission de Search & Rescue (SAR), et en temps de guerre la mission de Combat Search & Rescue (CSAR), avec une capacité reconnue au sein des forces spéciales air depuis son rattachement en 2014. En septembre 2020, l’escadron intègre la Brigade des Forces Spéciales Air, renforçant ainsi son rôle dans les opérations délicates et à haut risque.
L’histoire du « Pyrénées » remonte aux réorganisations des unités d’hélicoptères de l’armée de l’air après la guerre d’Algérie. Initialement, la 22e escadre d’hélicoptères déploie plusieurs détachements permanents, dont un à Cazaux. En 1964, la dissolution de cette escadre conduit à la création de deux escadrons autonomes, avec l’EH 1/68 à Pau, qui supervise le détachement de Cazaux. En 1966, l’escadron adopte l’insigne du lynx rouge et le nom de tradition « Pyrénées », portant les traditions des escadrilles SAL 17 (1914-18) et du GR I/14 (1939-42).
Le transfert définitif à Cazaux intervient en 1972, suite à la fermeture de la base aérienne 119 de Pau. Depuis lors, l’escadron, rebaptisé EH 01.067 « Pyrénées » en 1975, se consacre à de nombreuses missions de sauvetage sur terre et en mer, ainsi qu’à des interventions humanitaires majeures, notamment lors des inondations dans le Gers en 1979 et à Langon en 1981.
Une unité au service des missions critiques
Durant les années 1980, l’escadron joue un rôle clé dans le soutien au Centre d’Essais des Landes, assurant des missions logistiques et de sécurité lors des tirs de missiles en mer. En 1986, le « Pyrénées » est pionnier dans l’expérimentation du Puma équipé pour les opérations SAR de nuit, avec des treuillages au-dessus de la mer, renforçant ses capacités de sauvetage en conditions difficiles. Cette période est marquée par plusieurs opérations remarquables, notamment des sauvetages de pêcheurs en mer, qui lui vaudront la reconnaissance du grand quotidien régional Sud Ouest en 1988.
L’escadron participe ensuite à l’opération Daguet (guerre du Golfe) où il déploie un détachement SAR en Arabie Saoudite. Ses engagements en Bosnie dans les années 1990 marquent une étape décisive : en collaboration avec les forces spéciales américaines, le « Pyrénées » acquiert la capacité RESCo (Recherche et Sauvetage au Combat), aujourd’hui un pilier de ses missions. Cette expérience est consolidée par un détachement long de trois ans à Brindisi (Italie), où il sera le principal contributeur aux opérations de sauvetage, avant de contribuer à l’évacuation de ressortissants français d’Albanie en 1997.
Une vocation confirmée et élargie
Aujourd’hui, l’EH 1/67 « Pyrénées » reste l’une des unités les plus actives et spécialisées de l’armée de l’air, avec une double mission SAR et CSAR. Il intervient régulièrement lors de catastrophes naturelles, comme les inondations dans l’Aude (1999), les tempêtes Lothar et Martin en Charente-Maritime, ou encore la tempête Xynthia en 2010. Parallèlement, la mission de RESCo s’est étendue aux théâtres d’opérations extérieures, notamment au Kosovo, en République démocratique du Congo, en Afghanistan et au Mali, où l’escadron a déployé ses hélicoptères Puma puis Caracal.
Au sein de l’EH 1/67, le Puma a longtemps constitué la colonne vertébrale de la flotte, particulièrement apprécié pour sa fiabilité lors des opérations de sauvetage en mer et sur terre. Il a participé à de nombreuses missions humanitaires, à des évacuations délicates et à la mise en œuvre des capacités RESCo. Cependant, à partir de 2017, les Puma ont été progressivement transférés vers l’EH 1/44 de Solenzara, réduisant leur présence à Cazaux.​​​​​​​
Le Caracal est la plateforme de choix pour l’EH 1/67 depuis le retrait progressif des Puma. Il permet des interventions complexes dans des environnements hostiles, notamment au profit des forces spéciales air et en opérations extérieures comme au Sahel. Sa capacité à voler de nuit, sous mauvais temps, et à effectuer des opérations de sauvetage en milieu hostile est un atout majeur. L’escadron dispose aujourd’hui d’une dizaine de Caracal, avec des livraisons supplémentaires attendues dans les prochaines années pour renforcer encore cette capacité.​​​​​​​
Cette mission est désormais interarmées, avec du personnel de l’armée de terre et de la marine intégrés à l’escadron pour garantir la continuité des opérations. L’escadron apporte aussi son soutien aérien moyen au groupe aéronaval lors de ses déploiements.
Depuis 2006, le « Pyrénées » héberge également l’escadrille de transformation opérationnelle sur hélicoptère moyen (CIEH), formant les équipages sur Caracal. Progressivement, les Puma ont été transférés à Solenzara à partir de 2017, et ne subsistent aujourd’hui à Cazaux que les Caracal, à raison de 10 appareils en service en 2020, avec 8 supplémentaires attendus entre 2023 et 2024, dont 6 destinés à l’escadron.
Le « Pyrénées » est ainsi une unité majeure, mêlant traditions, haut niveau de technicité et engagement opérationnel constant, au service de la protection des hommes en toutes circonstances.
Un grand merci au personnel de la base pour cette visite de la Tour et de l'EH !
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