La Base Aérienne 120 « Commandant Marzac » est une base aérienne de l'Armée de l'air et de l'espace française située près de la ville de Cazaux, sur le territoire de la commune de La Teste-de-Buch dans le département de la Gironde. Créée en septembre 1915, elle est, avec celles situées à Avord et à Istres, l'une des plus anciennes bases aériennes du territoire national encore en activité
En 1913, le capitaine Ferdinand Marzac est chargé de trouver un site propice aux exercices de tir aérien à partir des aéronefs. Le 4 janvier 1914, la municipalité de La Teste offre un vaste terrain. Les travaux d'aménagement débutent en avril 1914. Ils sont interrompus en août 1914, au début des hostilités. L'usage des aéronefs est à l'époque encore cantonné à l'observation aérienne des mouvements des troupes opérant au sol. Le début de la Première Guerre mondiale ralentit le projet.* Les premières rencontres en vol - souvent fortuites - par des appareils d'observation appartenant à des camps ennemis donnent lieu aux premiers échanges de tir (pistolet, mousqueton) visant à "chasser" et à éliminer l'intrus. Rapidement, des appareils isolés ou en formation sont affectés à "la Chasse". Les besoins de formation aérienne au pilotage et surtout au tir depuis les avions deviennent éminents. En août 1915, le capitaine pilote Ferdinand Marzac reçoit de nouveau l'ordre de créer l'école des mitrailleurs aériens. Sous son commandement, la base aérienne ouvre le 1er septembre 1915. Elle porte alors le nom d'École de tir aérien de Cazaux. Les activités d'instruction débutent en octobre 1915. La base sert alors au perfectionnement des premiers pilotes militaires dans l'art du combat aérien.
Le 2 septembre 1916, une unité chargée de l'entraînement à la défense contre avion (DCA) s'installe sur le site, suivie en 1917, par une autre, chargée de l'instruction de la chasse contre les sous-marins. La vocation de l'entraînement au tir sera maintenue à Cazaux, conjointement avec la base aérienne 126 Solenzara en Corse.
En 1949, elle devient le centre d'essais des missiles du Centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge. Durant l'été 1952, un tir de roquettes déclencha un vaste incendie qui mobilisa tous les pompiers de la région y compris ceux de Bordeaux. L'entretien des cibles devint alors une priorité. Les essais à cette époque concernaient l'armement classique : roquettes, canons, bombes et cibles remorquées. Puis arrivèrent les premiers cinéthéodolites vers 1954-1955, avec la première campagne de tirs de la section engins spéciaux. Le 1er décembre 1964, l'Escadron de bombardement 2/91 Bretagne est créé pour s'intégrer dans le dispositif d'ensemble de la force de dissuasion au sein des Forces aériennes stratégiques. Il met en oeuvre l'avion Dassault Mirage IVA qui emporte l'arme nucléaire type AN 11 puis AN 22. Le 1er mai 1986, le Mirage IVA est remplacé par le couple Mirage IVP-Missile de croisière ASMP. L'Escadron de bombardement 2/91 "Bretagne" est dissous le 4 juillet 1996.
A-4SU Super Skyhawk du no 150 Squadron de l'armée de l'air singapourienne sur la base en 2000. La base est principalement utilisée pour la formation et l'intégration des pilotes de chasse français et étrangers, l'entraînement au tir et les essais de munition. Elle est dotée d'une piste au standard OTAN de 2 400 m de longueur et des installations correspondantes. L'école de chasse binationale franco-belge (Advanced Jet Training School ou AJeTS) est basée à Cazaux depuis 2004. Elle est chargée de former les futurs pilotes de chasse des deux nations sur avion Alphajet modernisé. Cette coopération a pris fin officiellement le 11 octobre 2018 au cours d'une cérémonie marquant la fin des activités de l'AJeTS, l'armée belge ayant pris la décision d’abandonner la filière française de formation de ses pilotes de chasse. En effet, à partir de 2019, les pilotes de combat belges seront formés aux États-Unis dans une école installée sur la Sheppard Air Force Base (Texas).
Depuis 1999, la base accueille le No 150 Squadron de la Force aérienne de la république de Singapour, équipé à l'origine de ST Aerospace A-4SU Super Skyhawk et depuis novembre de 2012 de Aermacchi M-346 au nombre de 12 depuis 2014 afin de former les pilotes singapouriens avant de les affecter en unité opérationnelle sur F-16 Fighting Falcon ou F-15 Eagle. Fin mars 2010, 120 pilotes singapouriens avaient été brevetés à Cazaux. La base forme également les futurs pompiers de l'air grâce à une aire à feu modernisée en 2005. Environ 2 600 militaires et civils travaillent sur la base.
Depuis le 25 août 2015, la base abrite la 8e escadre de chasse, celle-ci est composée des unités suivantes :
-Escadron de transition opérationnelle 1/8 Saintonge sur Alphajet (Mis en sommeil le 26 août 2020)
-Escadron de transition opérationnelle 2/8 Nice sur Alphajet
-Escadron d'entraînement 3/8 Côte d'Or sur Alphajet.
-Escadron de Soutien Technique Aéronautique 15.008 "Pilat", chargé de la mise en œuvre et la maintenance des Alpha Jet au profit des escadrons 1/8 "Saintonge", 2/8 "Nice" et 3/8 "Côte d'Or" et de l'école de Pilotage de l'Armée de l'Air "EPAA 20.300" de Salon-de-Provence.
-L'Escadron d'hélicoptères 1/67 "Pyrénées" "EH" sur EC 725 Caracal. Unité forces spéciales depuis 2018, elle assure la SAR (sauvetage en mer et sur terre) en temps de paix et la CSAR en temps de guerre.
-Le Centre d'Expertise de l'Armement Embarqué (C.E.A.E. 00.331) qui depuis le 1er septembre 2009 remplace le Centre d'Expérimentation et d'Instruction au Tir Aérien (C.E.I.T.A.), qui forme chaque année 200 à 250 stagiaires français et étrangers4.
-Le Groupe Instruction Sécurité des Vols (G.I.S.V.) de la Gendarmerie nationale depuis le 1er septembre 2010.
-Le Groupe d'Intervention NEDEx 23.565 (Neutralisation, Enlèvement, Destruction des Explosifs)
-Un site de la DGA Essai en Vol (Anciennement C.E.V. de Cazaux).
-Centre de Formation des Techniciens de la Sécurité de l'Armée de l'Air (C.F.T.S.A.A.) 00/308
-Centre de Formation à la Survie et au Sauvetage (CFSS anciennement dit [CF2S]), qui forme les personnels navigants (PN) et/ou embarqués des trois armées dans le domaine de la survie opérationnelle SERE.
-CE SN NRBC (Centre d'Expertise SN Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques) qui s'occupe de l'entretien des matériels de décontamination, de la formation des personnels et à la rédaction de doctrines.
-150e Squadron de l'armée de l'air singapourienne.
Ci dessous un Rafale de la permanence opérationnelle de Mont de Marsan délocalisée à Cazaux le temps de l'exercice Volfa 2022 grâce au quel deux box composés d'un Rafale C et un F16 Emiratis nous ont gratifiés d'un passage bas.
L'escadron d'hélicoptères EH 1/67 « Pyrénées »
Le Pyrénées est une unité navigante de l'armée de l'air française stationnée sur la base aérienne 120 de Cazaux. Escadron aux missions diverses, il est spécialisé dans la recherche et le sauvetage de personnes en temps de paix, type Search & Rescue (SAR), et en temps de guerre type Combat Search & Rescue (CSAR). En 2014, l'EH 1/67 est rattaché aux forces spéciales air. En septembre 2020, l'escadron quitte la Brigade aérienne d'appui et de projection pour intégrer la Brigade des Forces Spéciales Air, nouvellement créée.
Son histoire ...
L'EH 01-067 trouve son origine dans le remaniement des unités d'hélicoptères de l'armée de l'air à la suite de la guerre d'Algérie. La 22e escadre d'hélicoptères fait mouvement de la base aérienne d'Oran vers celle de Chambéry. Elle arme alors trois détachements permanents à Istres, Pau et Cazaux.
En 1964, la 22e escadre est dissoute et se scinde en deux escadrons autonomes : le 1/68 à Pau chapeautant le détachement permanent de Cazaux, et le 2/68 à Chambéry auquel est rattaché le détachement permanent stationné à Istres. l'EH 1/68 reprend en 1966, avec l'insigne du lynx rouge, les traditions de l'escadrille "SAL 17" (1914-18) , du GR I/14 (1939-42) et plus récemment de la 2e escadre d'hélicoptères dont il se voit confier le drapeau. Il obtient en même temps l'homologation du fanion de l'unité et le nom de tradition « Pyrénées ». En 1972, à la suite de la fermeture de la base aérienne 119 de Pau, l'escadron est redéployé sur la base aérienne 120 de Cazaux.
En 1975, l'unité adopte l'appellation d'EH 01.067 "Pyrénées". Elle se consacre à des sauvetages sur terre et en mer ou des interventions humanitaires (plan ORSEC lors des inondations dans le Gers en 1979 et dans la région de Langon en décembre 1981). Parallèlement, l'unité prend une part prépondérante dans le soutien au Centre d'essais des Landes de Biscarrosse, notamment lors des activités de tirs de missiles en mer. Ses hélicoptères légers assurent des liaisons logistiques au profit de la 3e Région Aérienne, dont l'état-major est à Bordeaux-Mérignac.
En 1986, l'unité est choisie pour expérimenter en situation réelle le nouveau Puma équipé SAR, capable d'effectuer des treuillages de nuit au-dessus de la mer au profit de pilotes éjectés. L'appareil n'aura pas le loisir d'intervenir au profit de ces derniers, en revanche, la période sera marquée par plusieurs interventions périlleuses au profit d'équipages de chalutiers civils qui auront un retentissement marqué dans la presse, ce qui conduira le grand quotidien régional Sud Ouest a décerner à l'escadron le titre d' Homme de l'année 1988.
Lors de l'opération Daguet (deuxième guerre du Golfe Persique), l'EH 01.067 contribue à la mise en place d'un détachement SAR sur la base d'Al Asha en Arabie saoudite. Les équipages participent au sauvetage de pilotes de chasse alliés. Les opérations de Bosnie orientent de manière définitive la vocation de l'unité. En février 1994, le Pyrénées participe à un nouveau détachement à Brindisi en Italie. Au contact des forces spéciales américaines, ce déplacement permet de doter l'armée de l'air d'une nouvelle capacité : la RESCo (Recherche et sauvetage au combat). Le détachement de Brindisi dure presque trois ans et demi et le Pyrénées en deviendra le principal puis l'exclusif contributeur. Il se termine en juillet 1997, après l'évacuation de ressortissants français d'Albanie le 14 mars 1997.
De nos jours ...
L'histoire récente a confirmé la vocation première de l'EH 1/67 "Pyrénées" : la recherche et le sauvetage, en temps de paix et de guerre. Les inondations de l'Aude en novembre 1999, de Charente-Maritime lors des tempêtes Lothar et Martin, puis du Gard en 2002 et plus récemment autour de La Rochelle lors de la tempête Xynthia (février 2010) permettront aux équipages de se distinguer lors d'opérations de sauvetage "pointues". Quant à la RESCo, elle est successivement assurée sur les théâtres de Macédoine (opérations au Kosovo) en 1999, de la République démocratique du Congo en 2003, et de l'Afghanistan depuis la mise en service du Caracal. L'opération Serval au Mali en janvier 2013 marque toutefois le retour du Puma sur un théâtre d'opérations et les deux types d'appareils sont déployés sur le théâtre de l'opération Barkhane en 2014.
Entretemps, cette mission de RESCo est devenue interarmées. L'EH possède donc du personnel de l'armée de terre et de la marine nationale pour assurer ses missions. En contrepartie, il apporte une capacité d'hélicoptère moyen au groupe aéronaval embarqué lors des déploiements du celui-ci. Depuis 2006, l'EH 01.067 abrite dans ses locaux l'escadrille de transformation opérationnelle sur hélicoptère moyen, qui dépend du CIEH. L'escadron est aujourd'hui la plus grosse unité d'hélicoptères de l'armée de l'air et, à ce titre, reçoit régulièrement la visite de personnalités. Le 5 février 2014, l’escadron participe au sauvetage grâce à son hélicoptère Puma des 12 marins du Luno, un cargo Espagnol venu s’échouer sur une digue d'Anglet à la suite de la tempête Petra. En 2017, les Puma sont progressivement reversés à l'EH 01.044 de Solenzara. Le jour de notre visite, nous avons eu la chance d'en voir un durant un exercice de Treuil ! Ne subsistent à Cazaux que les Caracal. En 2020, 10 de ces hélicoptères sont en service dans l'armée de l’air française, 8 autres sont prévus entre 2023 et 2024 dont 6 pour l'escadron Pyrénées.
Un grand merci au personnel de la base pour cette visite de la Tour et de l'EH !