Défilé du 14 juillet 2025
Le traditionnel défilé aérien du 14 Juillet a une nouvelle fois offert un spectacle impressionnant au-dessus des Champs-Élysées ce lundi matin. Dès 10h30, sous un ciel partiellement dégagé, une cinquantaine d’appareils ont survolé Paris, donnant le coup d’envoi des célébrations de la Fête nationale. Rafale, A400M, hélicoptères mais encore avions de patrouille maritime, la diversité du matériel engagé a reflété la richesse et la modernisation constante des forces armées françaises. Cette édition 2025, particulièrement attendue dans un contexte international tendu, a mis l’accent sur la coopération européenne et les capacités d’intervention rapide, tout en rendant hommage aux militaires engagés sur les différents théâtres d’opérations.
Répétition générale : immersion à bord d’un Cougar
Comme chaque année, le défilé aérien du 14 Juillet est précédé de deux répétitions à grande échelle, en complément de nombreux entraînements ciblés et briefings techniques. La première se déroule environ 2 semaines avant le jour J sur la BA123 d’Orléans-Bricy avec les chefs de patrouille. La seconde a lieu sur le célèbre axe des Champs-Elysées quelques jours avant le 14 avec les blocs hélicoptères au complet, mais avec très peu de chasseurs contrairement au vrai défilé, la mission de ces derniers étant réduite à se caler sur leur ravitailleur ou autre appareil leader de la formation.
Cette année, j'ai eu la chance d'assister à la répétition au dessus de Paris à bord d'un Cougar dans le cadre d'un reportage sur le Puma qui était le leader de notre formation "Hélicoptères de manoeuvre et d'assault" en triangle composée de 2 AS532 et d'un SA330.
Le rendez vous est fixé ce mercredi 9 juillet en fin de matinée sur l'aérodrome de Chartres au sud-ouest de Paris, base de la vingtaine d'hélicoptères de l'ALAT déployés sur ce site depuis quelques années pour cet évènement. De par sa taille, ses salles de briefing, sa proximité avec les holds, et avec un partenariat logistique bien rodé dans un lycée local qui héberge les 163 militaires de l’unité sur site, cet aérodrome requiert toutes les qualités pour satisfaire parfaitement l'armée de terre. 
Une fois quelques prises de vues et interviews réalisées, ainsi le briefing de sécurité par le Caporal-Chef Thibaut et la présentation de notre monture du jour par le lieutenant Mathis effectués, c'est l'heure d'embarquer à bord du Cougar F-MCGO, modernisé au standard AS332M1 appartenant au 5e Régiment d’Hélicoptères de Combat. Basé à Pau, il fait parti de la 4e brigade d'aérocombat. Doté d’une flotte moderne composée de Gazelles, Cougars, Tigres et NH90 Caïman, ce régiment incarne l’excellence opérationnelle et la réactivité. Engagé sur de nombreux théâtres d’opérations extérieures – du Sahel au Levant – le 5e RHC se distingue par sa capacité à appuyer les forces conventionnelles au sol dans les conditions les plus exigeantes. Au cœur des interventions interarmées, il incarne le savoir-faire tactique et technologique de l’armée française. En l'occurrence, notre machine bénéficie d’améliorations notables : réservoirs de carburant agrandis, caméra FLIR ADS350 en proue, et un cockpit entièrement digitalisé.
Il est 14h30 : à 1h15 de leur passage, les 20 hélicoptères mettent en route. Les décollages se feront dans l'ordre de passage : le premier bloc nommé ''formation des équipages hélicoptères'' composé de 3 EC-120 Calliopé de l’école ALAT de Dax, suivis de 3 AS555 Fennec de Cannet-des-Maures. 3 SA342M Gazelle et 4 EC665 Tigre suivirent pour illustrer les ''hélicoptères de reconnaissance et d’attaque''. Enfin, ce fut au tour de notre Cougar, accompagné du Puma, d’un second Cougar et de 4 NH-90 Caïman. En route vers le hold situé à l'ouest de Paris entre Poissy et Saint-Germain-en-Laye, nous avons eu la chance de survoler le château de Versailles ... et l'aérodrome de Toussus-Le-Noble, l'occasion de faire coucou aux collègues !
Une fois dans l'attente, toute la patrouille s'en remet à son chef : il doit parfaitement timer son arrivée au dessus de la tribune présidentielle située sur la place de la Concorde, avec une tolérance de plus/moins 3 secondes par formation. Il peut jouer sur la vitesse, mais la solution privilégiée est plutôt de rallonger ou raccourcir l'attente de quelques nautiques pour gagner ou perdre du temps, le but étant d'arriver juste derrière le bloc des hélicoptères de la Marine Nationale qui est quant à lui parti de la BA107 de Villacoublay, avec un hold au nord de notre position.
À 15h45, le top est donné et l'ALAT est en route vers La Défense. Les hélicoptères se mettent en descente vers une altitude de 400 pieds, soit environ 150 mètres. Les vitesses sont ajustées, et les formations resserrées. Les hauts immeubles de La Défense défilent sous nos pieds pendant que nous sommes concentré sur les prises de vues inédites à réaliser du Puma avec la Tour Eiffel derrière, ou encore le Cougar avec les Invalides en arrière plan. En un rien de temps, nous auront survolé l’Arc de Triomphe, le Louvre, puis Notre-Dame avant d'entamer un virage à droite vers Villacoublay. 
20 minutes de vol plus tard, nous revoilà posés à Chartres. La répétition est une réussite, les visages des équipages sont heureux, détendus, et les nôtres émerveillés devant la vérification de nos clichés réalisés. 
Dernier défilé du Puma : un au revoir à un vétéran du ciel
Pour son édition 2025, le défilé aérien du 14 Juillet a été placé sous la coordination du 3e Régiment d’hélicoptères de combat (3e RHC), basé à Étain. Ce régiment, l’un des plus anciens et prestigieux de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), a assuré la planification, les répétitions et la mise en œuvre du défilé, mobilisant une large gamme d’appareils : Gazelle, NH90 Caïman, Tigre… et un invité très particulier pour son ultime vol dans le ciel parisien : le SA330 Puma.
Apparu pour la première fois en 1969, le Puma aura servi la France pendant plus de cinq décennies. Développé par Sud-Aviation puis Aérospatiale, cet hélicoptère de transport tactique s’est rapidement imposé comme un pilier des opérations extérieures françaises, avant de voir son concept exporté dans plus de 40 pays. Conçu pour opérer dans des conditions difficiles, le Puma a été qualifié de "couteau suisse volant" par ses équipages, grâce à sa robustesse, sa maniabilité et sa capacité d’adaptation à tous types de missions : assaut aéroterrestre, évacuation sanitaire, transport de troupes ou de matériel, héliportage tactique, et même opérations spéciales.
Durant l’opération Barkhane au Sahel (2014–2022), les Pumas ont été essentiels pour les évacuations médicales en zone de combat. Capables de se poser au plus près des lignes de front, parfois sur des terrains sommaires, ils permettaient d’exfiltrer les blessés vers des bases avancées. Là, les patients étaient transférés sur des avions CN235, puis sur des A330 MRTT ou A400M pour un rapatriement en métropole. Leur rusticité et leur simplicité de maintenance sur le terrain ont fait du Puma un outil de premier choix dans des environnements austères.
Aujourd’hui, seuls trois à cinq exemplaires demeurent en service actif au sein du 3e RHC. Les derniers appareils engagés à Djibouti sont en train de rentrer en France, marquant la fin imminente de la carrière opérationnelle du SA330 dans les forces françaises. Le survol de Paris le 14 juillet 2025 restera ainsi le dernier défilé national du Puma sous les couleurs de l’armée de Terre, un moment à la fois historique et chargé d’émotion pour ses anciens pilotes et mécaniciens, mais aussi pour tous les passionnés d’aviation militaire.
Seul le Groupement interarmées d’hélicoptères (GIH), rattaché à la Gendarmerie et à l’Armée de l’air et de l’espace, continuera à exploiter quelques unités pendant encore quelques années, principalement pour des missions spécifiques de contre-terrorisme et d’intervention rapide, en attendant l’arrivée d’un remplaçant plus moderne.
Le passage du Puma ce 14 juillet 2025 n’était donc pas seulement un hommage à un hélicoptère, mais à tout un pan de l’histoire aéronautique militaire française. Un symbole fort tirant sa révérence, dans un ultime vrombissement au-dessus de la capitale.
Le défilé aérien vu depuis La Défense : puissance et précision au-dessus de Paris
Ouvert à 10h25 par la Patrouille de France avec le drapeau tricolore de La Défense jusqu'à la place de la Concorde comme le veut la tradition, le défilé aérien du 14 Juillet 2025 a encore une fois été une réussite : 70 avions dont 7 étrangers y ont participé. 
Avant de défiler, chaque formation a suivi un circuit précis pour arriver à 40 secondes de la précédente et de la suivante, à des vitesses calibrées selon les appareils : environ 300 nœuds pour les chasseurs et 180 nœuds pour les avions de transport, le tout à une altitude moyenne de 1000 pieds (environ 300 mètres).
Le premier tableau célébrait un anniversaire symbolique : les 80 ans de la défense aérienne française. À cette occasion, une impressionnante formation mêlant chasseurs français et alliés a traversé la capitale : Rafale B, Mirage 2000-5, Rafale C et un E-3F AWACS ont partagé le ciel avec des Eurofighter Typhoon venus d’Allemagne, d’Italie, du Royaume-Uni et d’Espagne, ainsi qu'un F-16 belge et un F/A-18 suisse. Une démonstration éclatante de l’interopérabilité européenne et de la coopération stratégique.
Le tableau suivant mettait en avant la dissuasion aéroportée, avec un Boeing KC-135RG et quatre Rafale B. Ce vol avait une forte charge symbolique : ce 14 juillet marquait en effet le dernier défilé de ce ravitailleur français, officiellement retiré du service le 30 juin lors d’une cérémonie sur la base d’Istres. Une page de l’histoire aérienne se tourne, après plus de 60 ans de service.

Suivait une séquence dédiée à la supériorité aérienne. Elle rassemblait un Airbus A330 MRTT "Phénix" en configuration ravitaillement en vol, escorté par deux Rafale et deux Mirage 2000. Elle traduisait la capacité française à prendre l’ascendant dans les espaces aériens contestés, grâce à des plateformes polyvalentes et des chasseurs de dernière génération.
Dans un autre box, le CEAM (Centre d’Expertise Aérienne Militaire) a illustré la recherche, l’expérimentation et l’innovation au sein des forces : un A400M Atlas, deux Rafale et un Mirage 2000D incarnaient les programmes en cours de développement et l’adaptation constante de l’armée de l’air aux nouveaux enjeux technologiques.
L’aviation de chasse était représentée dans une formation dynamique mêlant Alphajet, PC-21, Rafale B et Mirage 2000B, soulignant l’importance de la formation initiale et avancée des futurs pilotes de chasse.
Du côté de la Marine nationale, deux tableaux étaient au programme. Le premier, dédié au Groupe Aérien Embarqué, mettait en scène cinq Rafale M, un E-2C Hawkeye de surveillance radar embarqué, et un Falcon 10, démontrant la capacité de projection depuis le porte-avions Charles de Gaulle. Le second tableau présentait les moyens de patrouille maritime, avec un Atlantique 2 et un Falcon 50, outils clés dans la surveillance des approches maritimes et la lutte anti-sous-marine.
L’armée de l’Air et de l’Espace a ensuite montré ses capacités de projection à longue distance au travers de trois ensembles distincts :
- Une mission de projection de force avec quatre A400M, dont deux en version ravitailleur, accompagnés d’un A400M espagnol en coopération.
- Une mission de soutien en opération extérieure avec un KC-130J, un Falcon et deux CN235 CASA, soulignant la polyvalence logistique de la flotte.
- Enfin, une formation de transport et d’instruction, composée de deux TBM700, un Xingu et deux SR22, illustrant la relève et l’entraînement des futurs navigants.
La 33e Escadre de Surveillance, de Reconnaissance et d’Attaque (ESRA) a conclu cette séquence avec une formation spécialisée en renseignement et observation, combinant un ALSR VADOR (Avion Léger de Surveillance et de Reconnaissance) et un drone MQ-9 Reaper, symbole de la montée en puissance des capacités ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance).

​​​​​​​Après les formations d’avions, c’était au tour des hélicoptères de défiler environ une heure plus tard à une altitude de 400 pieds et une vitesse de 90 nœuds  illustrant la composante aéromobile interarmées. Cette année, 35 hélicoptères ont survolé Paris, répartis par mission et par entité.
L’Armée de l’Air et de l’Espace ouvrait le bal avec 3 AS555 Fennec, un EC725 Caracal et un SA330 Puma, illustrant la protection du territoire national.
La Marine nationale alignait un NH90 NFH Caïman, un SA365 Dauphin "Pedro", et un AS565 Panther, rejoints par un NH90 italien, soulignant la coopération navale internationale. 
L’ALAT était très fortement représentée comme détaillé précédemment avec un large panel composé de 3 EC120 Calliopé, 3 AS555 Fennec, 4 SA342 Gazelle, 4 Tigre HAP, 1 Puma, 2 Cougar, et 4 NH90 Caïman TTH.
La Gendarmerie nationale assurait également sa présence avec un EC135 et deux EC145, tandis que la Sécurité civile présentait un EC145 dédié aux missions de secours, avec pour finir les Douanes pour conclure le défilé avec un EC135.
Comme chaque année, la BA105 d’Évreux a servi de plateforme de lancement pour les chasseurs. Le matin du 14 juillet, pas moins de 35 avions de combat ont décollé à quelques minutes d’intervalle, rejoignant leur attente à l’ouest de Paris pour intégrer leurs box respectifs. La majorité étaient des Rafales, marquant la transition progressive de l’Armée de l’Air et de l'Espace vers cet aéronef, au détriment des Mirage 2000 en plein retrait opérationnel.
L’édition 2025 a également vu la première participation de l’Escadron de chasse 1/5 "Vendée" depuis sa réactivation en 2024, prenant la relève du 2/5 "Île-de-France", dissous en 2022 à Orange. Une symbolique forte, incarnant à la fois la mémoire et le renouveau au sein de l’aviation de combat française.
Les Invalides : 10 hélicoptères en exposition statique après le défilé
Dans le prolongement du défilé aérien, une tradition bien ancrée permet au public venu admirer le défilé de prolonger l’expérience militaire : chaque année, plusieurs hélicoptères participant à cette parade viennent se poser sur l’esplanade des Invalides, en plein cœur de la capitale pour une exposition statique ouverte au public. Véritable vitrine des capacités aéromobiles françaises, cet événement attire passionnés, familles et curieux, venus échanger directement avec les équipages et découvrir les appareils de près. Cette année, 10 hélicoptères appartenant aux trois grandes forces armées ainsi qu'à la Direction générale de l’armement (DGA) s'y sont posés. Un panel varié, illustrant la diversité des missions et des équipements déployés aujourd’hui par les forces françaises.

Premiers à défiler, l’Armée de l’Air et de l’Espace a envoyé 3 de ses machines emblématiques :
  - L'AS555 Fennec de l’Escadron d’Hélicoptères (EH) 1/65 "Alpilles" utilisé pour des missions de surveillance, d’interception lente ou de formation ;
  - L'EC725 Caracal de l'EH 1/67 "Pyrénées" spécialisé dans les opérations de recherche et sauvetage en zone hostile (CSAR), de transport de troupes, d'évacuation sanitaire, de ravitaillement, et même d'opérations spéciales ;
  -Le SA330 Puma de l’EH 1/44 "Solenzara", basé en Corse assurant le transport tactique, soutien local, évacuations, et aide à la sécurité civile dont la présence à Paris constituait une de ses dernières apparitions en publique en raison de son retrait imminent.


L’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), très active lors du défilé, était elle aussi bien représentée avec :
  - Une Gazelle du 3e RHC, hélicoptère d'attaque léger et agile toujours opérationnel pour des missions d'appui feu, de reconnaissance armée, de combat anti-char et d'escortes ;
  - Un NH90 Caïman du même régiment, successeur moderne du Puma et dans un futur plus lointain du Cougar, dédié aux missions d’assaut tactique, de transport de troupes, d'évacuation sanitaire (MEDEVAC), d'infiltration/exfiltration de forces spéciales et d'opérations de nuit en zone hostile ;
 - Un Tigre HAP du 1er RHC, hélicoptère d’attaque emblématique capable de réaliser de l'appui feu rapproché (CAS), de la destruction de cibles lourdes (blindés, positions) mais également des escortes de convois ou d’hélicoptères et du renseignement et reconnaissance offensive ;
- Et un AS532 Cougar du 5e RHC, spécialisé dans le transport de troupes et matériel, des évacuations sanitaires et des missions héliportées de déploiement rapide de forces spéciales.

La Marine nationale a également exposé deux appareils très différents mais complémentaires :
- Un NH90 NFH Caïman Marine, version navale dédiée à la lutte anti-sous-marine et à la projection depuis les frégates ou le porte-avions,
  -Un SA365 Dauphin "Pedro", affecté aux missions de recherche et sauvetage à bord du porte-avions Charles de Gaulle, notamment en support des opérations aéronavales.
Une dernière machine était présente sur l'esplanade des Invalides : l'Airbus H160 de la DGA venu spécialement de Marseille pour l'occasion. Il fait parti de la nouvelle génération ''HIL'' (Hélicoptère Interarmées Léger), et dans ce cas précis servira de banc d’essai volant pour les essais en vol. Il prendra progressivement la relève des Dauphins encore en service pour les campagnes de tests et de certification d’équipements embarqués.
Cette édition 2025 a encore une fois permis au public de pouvoir s'approcher et discuter avec ces équipages qui ont survolé Paris quelques heures auparavant à bord de ces machines qui illustrent si bien nos corps d'armées française.
Un grand merci à l’ALAT pour l'opportunité d'avoir pu participer à la répétition du plus grand évènement militaire français - tout particulièrement au 3 et 5e RHC et à leurs équipages de Puma et Cougar. Merci également au capitaine Anne-Sophie et au Lieutenant Anne-Gaëlle pour la coordination de cet évènement.
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