Dernier envol du C160 Transall français
Le ciel breton a vibré d’émotion ce jour-là. Depuis l’aérodrome de Lorient, j’ai assisté au dernier vol officiel du C160 Transall français, ce robuste transport tactique qui a marqué plus de cinq décennies de l’histoire aérienne militaire hexagonale.
Le retrait du Transall de l’Armée de l’Air et de l’Espace clôt une page prestigieuse : celui d’un avion tout-terrain, fidèle compagnon des soldats, humanitaires, et pilotes de France sur tous les théâtres d’opérations.

Du 14 mars au 1er avril, le Transall a parcouru 24 villes françaises en 20 jours, un hommage itinérant rendu par près de 50 aviateurs, venus de différents escadrons. Chaque étape est une halte chargée de mémoire, chaque atterrissage un moment solennel pour saluer cette icône de l’aviation militaire.
Une légende née dans les années 60
Né d’une coopération franco-allemande dans la foulée de la Guerre froide, le Transall a effectué son premier vol en 1963, pour être mis en service quatre ans plus tard. Ce sont les escadrons « Touraine », « Franche-Comté » et « Poitou » qui ont assuré son intégration progressive au sein de l’armée de l’Air, remplaçant peu à peu le vieillissant Noratlas.
Son empreinte s’est étendue bien au-delà de la métropole : de la Polynésie aux Antilles, du Sénégal à Djibouti, en passant par la Réunion et la Nouvelle-Calédonie, le Transall a prouvé sa capacité à opérer sur tous les terrains, du plus sommaire au plus prestigieux.
Un 4x4 des airs, un polyvalent aux multiples facettes
Le Transall s’est illustré dans des missions variées : largage de parachutistes, ravitaillement en vol, évacuations sanitaires, déploiements de troupes, soutien logistique dans les opérations les plus exigeantes. Sa rusticité lui permettait des posés d’assaut de jour comme de nuit sur des pistes sommaires, une qualité rare dans l’aviation militaire.
Deux versions dérivées ont aussi marqué son histoire : le C160 Astarté, relais de transmission exceptionnel, et le C160 Gabriel, dédié au renseignement électromagnétique, utilisé jusqu’en 2001 pour le premier et toujours actif jusqu’à aujourd’hui dans sa version Gabriel.
Le Transall sur tous les fronts, un acteur clé en Afrique et ailleurs
De nombreuses opérations africaines ont vu le Transall s’illustrer : Manta, Épervier, Serval, Barkhane, Turquoise… Chaque mission témoignait de son rôle discret mais vital dans les crises, conflits ou actions humanitaires. Son rôle lors des ponts aériens de la Guerre du Golfe est également resté dans les mémoires.
Le C160 Gabriel, aura continué encore quelques mois de montrer la valeur du Transall dans le renseignement lors des opérations récentes en Syrie, au Sahel, ou en Europe de l’Est.

Le point final de cette saga s’est joué sur le tarmac de la base aérienne 105 d’Évreux, devant une foule d’anciens, de pilotes, et d’amoureux de l’aviation. Avec plus d’1,45 million d’heures de vol accumulées, le Transall quitte la scène avec dignité.
À sa place, les nouveaux géants du transport militaire français — l’A400M Atlas et le C130J Super Hercules — prennent le relais, forts de technologies modernes et de capacités accrues. Lors du dernier défilé aérien, le ballet de quatre avions symbolisant cette transition (Transall, Casa, Hercules et A400M) illustrait parfaitement la transmission entre générations d’avions et d’aviateurs.​​​​​​​
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