L'annonce du retrait du C160 Transall de l'Armée de l'Air française a marqué la fin d'une ère pour l'aviation militaire. Cet avion emblématique de transport aérien a servi la France pendant des décennies, accomplissant des missions vitales dans le cadre de la sécurité nationale et des opérations internationales. Dans cet article, nous reviendrons sur l'héritage du C160 Transall en France et évoquerons l'émouvant farewell à cette machine qui a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de l'aviation.
Du 14 mars au 1er avril, près de 50 Aviateurs lui ont rendu hommage à travers une tournée d’adieu en France métropolitaine qui relie 24 villes en 20 jours. Des équipages de plusieurs escadrons se relaient pour l’accompagner pour cette dernière mission. Il arbore pour l’occasion une livrée tricolore reprenant le design de la cocarde de l’armée de l’Air et de l’Espace. Le C160 Transall a posé ses roues partout dans le monde, aussi bien sur les terrains sommaires que sur les plus grands aéroports internationaux. Pendant sa longue période de vie opérationnelle, l’avion de transport tactique a été remarquable pour le largage de parachutistes, le ravitaillement de troupes par les airs et le déploiement de passagers et de fret à l’autre bout du monde. Durant cette tournée, il se rend sur plusieurs bases aériennes (anciennes et actuelles) et sur des terrains d’aviation qui symbolisent ses 59 années de service.

Plus de 55 ans de service pour le vénérable Transall
Sa conception débute à la fin des années 1950 en coopération avec l’Allemagne de l’Ouest. Après un premier vol en 1963 à Melun-Villaroche, « le premier Transall F entre en service au sein de l’armée de l’Air le 22 novembre 1967 et rejoint l’escadron de transport 1/61 « Touraine » à Orléans. Les 53 premiers exemplaires remplacent progressivement le Noratlas en métropole au Centre d’instruction des équipages de transport, à l’escadron de transport 2/61 « Franche-Comté » ainsi qu’à l’escadron 3/61 « Poitou ». Il s’implante progressivement sur les sites outre-mer : Polynésie, Antilles, Sénégal, Djibouti, La Réunion et Nouvelle-Calédonie ». Des propos qui résonnent pendant la cérémonie à la lecture de l’ordre du jour par le général Bertrand.
Le C160 Transall, développé conjointement par la France et l'Allemagne dans les années 1960, était un avion de transport militaire polyvalent et robuste. Sa grande capacité de charge, sa polyvalence et sa capacité à atterrir sur des terrains difficiles en ont fait un outil essentiel pour transporter du personnel, du matériel et des fournitures sur des distances longues et dans des conditions opérationnelles variées. Tout au long de son service actif, le C160 Transall a été un acteur discret, mais essentiel, dans de nombreuses opérations militaires. Il a participé à des missions humanitaires, des évacuations médicales, des déploiements de troupes, des opérations de secours et bien plus encore. Son rôle dans le cadre des missions de maintien de la paix et des opérations d'urgence a démontré sa valeur et sa fiabilité en toutes circonstances.

C160, C160 Astarté et C160 Gabriel
Le C160 va régulièrement faire la démonstration de sa rusticité et de sa souplesse d’emploi via ses modes d’actions menés de jour comme de nuit et en toute discrétion tels que les posés d’assaut sur terrain sommaire ou les largages de fret et de personnel. Au côté de ce 4x4 des airs, deux versions spécifiques de l’appareil vont voir le jour : le C160 Astarté et le C160 Gabriel. Au sein de l’escadron 1/59 « Bigorre », « les quatre Avions Stations Relais de Transmissions Exceptionnelles participent à la mission de dissuasion de 1988 jusqu’à la dissolution de l’escadron en 2001 » ; explique le général. Les deux C160 Gabriel, avion de recueil de renseignement électromagnétique rejoignent l’escadron électronique aéroporté 1/54 « Dunkerque » en 1989 à Metz-Frescaty.  

Un avion tout terrain sur tous les fronts
Le Transall a été de tous les engagements depuis plus de 5O ans, marquant particulièrement de son empreinte le territoire africain : Niger, Tchad, Gabon, Djibouti, Côté d’Ivoire, Sénégal. « Il a été de toutes les opérations « africaines », de Manta à Epervier, de Serval à Barkhane, en passant par Turquoise », raconte l’inspecteur. Outre ses missions opérationnelles, le C160 a joué un rôle capital dans des opérations d’évacuations sanitaires ou encore humanitaires. Les ponts aériens réalisés lors de la Guerre du Golfe en sont un infime exemple.  Le C160 Gabriel s’est, quant à lui, brillamment illustré lors des opérations Harmattan, Chammal, Barkhane ou encore très récemment en se projetant jusqu’en Roumanie.

Une armée de l’Air et de l’Espace audacieuse
Avec plus d’un million 450 mille heures de vol au compteur et 55 ans après son premier vol, c’est un adieu bouleversant qui s’est tenu sur le tarmac de la base aérienne 105 d’Evreux. Les Aviateurs lui ont rendu un ultime hommage bien mérité. Le Transall prend ainsi sa retraite laissant la place aux nouvelles flottes A400M Atlas et C130J Super Hercules. « L’armée de l’Air et de l’Espace est confiante dans la capacité du transport aérien militaire à poursuivre ses missions, grâce aux impressionnantes capacités et à la complémentarité qu’offrent (l’A400M et le C130J) ». Symbole de cette transmission de témoin, le défilé à 4 avions (Transall, Casa, Hercules et A400M) témoigne de l’engagement mais également de l’avenir qui se dessine dans le monde du transport. « Le terme de la carrière intense et glorieuse du Transall signifie pour beaucoup d’entre vous un changement de fonctions. Votre engagement se poursuivra au sein d’une armée de l’Air et de l’Espace audacieuse, agile, ouverte et connectée, qui prépare les aviateurs au combat d’aujourd’hui, et qui est mobilisée sur la formation des aviateurs de demain ».

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