
L'exercice INIOCHOS
Sous le ciel azuré du nord-ouest du Péloponnèse, entre les montagnes calcaires du Taygète et les eaux Ioniennes, la base aérienne d’Andravida s’est imposée, au fil des années, comme l’un des épicentres du combat aérien moderne en Europe. Chaque printemps, l’exercice multinational INIOCHOS y transforme la paisible région d’Achaïe en un véritable théâtre d’opérations aériennes de haute intensité. Et en 2025, plus que jamais, l’édition marque une nouvelle étape dans la montée en puissance d’un entraînement devenu incontournable pour les forces aériennes occidentales ... et pas seulement.
Lancé dans les années 1980 comme un modeste entraînement intra-grec destiné aux seuls escadrons de chasse de la Elliniki Polemiki Aeroporia, INIOCHOS a connu une évolution impressionnante. Sa métamorphose en exercice de niveau interarmées, et désormais interallié, doit beaucoup à la vision du Kentro Aeroporikis Taktikis (KEAT), le Centre de Tactique Aérienne de la HAF. Après une période de décentralisation en 2005, l’adoption du Single Base Concept en 2013, avec la relocalisation de tous les moyens à Andravida, a marqué un tournant stratégique. L’exercice a alors basculé dans une nouvelle dimension : 24h/24, en tempo opérationnel réel, avec un niveau d’exigence sans compromis, tant pour les planificateurs que pour les équipages.
Depuis son ouverture à la participation internationale en 2015 (année marquée par l’entrée en lice d’Israël et des JTAC américains), INIOCHOS s’est hissé au rang des grands rendez-vous annuels du calendrier OTAN, sans en être formellement un. Il est devenu un espace unique d’expérimentation tactique, de consolidation de l’interopérabilité, mais aussi de démonstration de force – dans un contexte stratégique où la Méditerranée orientale concentre de plus en plus les tensions régionales et les intérêts concurrents. L’édition 2025 ne déroge pas à la règle, et pourrait même en repousser les limites.
À la fois campagne aérienne simulée et laboratoire tactique, INIOCHOS 2025 aligne cette année un format ambitieux : près de 70 aéronefs issus d’une dizaine de nations, deux COMAO par jour, dont certaines en configuration night ops, avec des engagements allant du TBA à la haute altitude dans des scénarios dits multi-domaine. Les menaces sol-air y sont particulièrement réalistes – avec un mix de systèmes SAM réels et simulés – et l'opposition air-air (Red Air) est assurée par des escadrons expérimentés de la HAF. Dans cet environnement contesté, les équipages doivent planifier, exécuter et survivre à des missions complexes : SEAD/DEAD, CAS, DCA, strike profond, ISR, AAR, CSAR, ou encore appui interarmées.
Soutenu par un réseau de moyens sol et mer, l'exercice s’inscrit également dans une logique d’intégration croissante des capteurs et des effecteurs dans un environnement numérisé, avec des outils de restitution de mission (debriefing tactique) à la pointe. La topographie exigeante de la région, conjuguée à l’étendue des zones d’exercice grecques – parmi les plus vastes d’Europe – offre un terrain de jeu unique, entre mer et montagne, permettant aux chasseurs, hélicoptères, drones MALE et autres appareils ISR de s’exprimer pleinement, de jour comme de nuit.
L’enjeu pour les participants est clair : s’entraîner comme on combat, dans un contexte de plus en plus marqué par le retour de la haute intensité, la saturation électromagnétique, la guerre cognitive et la nécessité d’opérer en coalition dans un ciel fortement contesté. À Andravida, les équipages ne viennent pas cocher une case. Ils viennent chercher le réalisme, le stress tactique, la fatigue opérationnelle, et surtout, les enseignements concrets que seule une confrontation aussi dure que celle offerte par INIOCHOS peut délivrer.
INIOCHOS 2025, ce n’est pas un simple exercice : c’est une répétition générale. Une immersion dans ce que pourrait être demain un conflit majeur sur le flanc sud-est de l’Alliance. Pour les forces aériennes qui s’y engagent, c’est aussi l’assurance de confronter doctrines, matériels et équipages dans l’un des environnements les plus représentatifs des défis futurs du combat aérien.



Immersion tactique dans les reliefs du Péloponnèse
À chaque édition d’Iniochos, il y a un point de passage obligé pour les passionnés comme pour les équipages : le canyon de Vouraïkos, dans la région montagneuse du nord du Péloponnèse. Niché entre les crêtes accidentées du massif du Chelmos, ce couloir naturel, encaissé, sinueux et étroit, constitue l’un des spots les plus spectaculaires d’Europe pour l’entraînement au vol à très basse altitude – le fameux low level flight. En 2025, ce site emblématique a une fois encore vu défiler une mosaïque d’appareils venus des quatre coins de l’Europe… et au-delà.
Durant les premiers jours de l’exercice, la phase dite de familiarisation (FAM flights) a permis aux pilotes de découvrir ou redécouvrir la topographie grecque. Dans cette séquence, le canyon de Vouraïkos a joué un rôle central : point d’entrée idéal pour répéter des runs en TBA (très basse altitude), il offre aux équipages une configuration particulièrement exigeante, proche de ce qu’ils pourraient rencontrer dans un théâtre d’opérations réel. Long d’une quinzaine de kilomètres, profond de plusieurs centaines de mètres par endroits, c’est un passage technique qui exige anticipation, rigueur dans le pilotage, et lecture fine du relief – surtout lorsque le facteur météo vient corser l’exercice.
Parmi les plus assidus dans ce ruban de roche, les Mirage 2000D français du 3e escadre de Nancy ont particulièrement marqué les observateurs. Ce théâtre était parfaitement adapté à leur profil de mission : le 2000D, appareil d’assaut tout-temps à capacité nucléaire et conventionnelle, est optimisé pour la pénétration à très basse altitude, souvent en suivi de terrain radar. Pour les pilotes français, l’exercice Iniochos a été l’occasion de qualifier et proroger des statuts TBA, en conditions réalistes et dans un espace étranger, ce qui confère à la mission une dimension supplémentaire en termes de SA (situational awareness) et de navigation tactique.
Les Tornado IDS italiens – véritables vétérans du vol à la nappe – n’étaient pas en reste. Ces biturbines emblématiques de l’AMI (Aeronautica Militare Italiana), issues des escadrons de Ghedi, ont exécuté plusieurs runs particulièrement bas, démontrant leur savoir-faire dans la pénétration terrain-masqué. Pour ces équipages, toujours qualifiés pour les missions de deep strike, l’exercice a représenté un excellent cadre pour maintenir les qualifications tactiques tout en interagissant avec des aéronefs aux profils très différents.
Évidemment, les F-16 grecs ont régné en terrain conquis. Familiers de cette région pour s’y entraîner régulièrement hors exercice, les pilotes des escadrons basés à Araxos, Souda ou Larissa ont multiplié les passes à des altitudes impressionnantes de précision. Certains vols ont même intégré des manœuvres de type pop-up attack et terrain masking, confirmant le haut niveau de maîtrise des pilotes hellènes. Les Mirage 2000-5 grecs et même quelques F-4E AUP Phantom II, bien que plus rares, ont également montré qu'ils étaient loin d’être mis à la retraite sur ce terrain.
Plus discrets mais bien présents, les Su-30MKI indiens ont survolé la zone, souvent à des altitudes intermédiaires. Moins adaptés aux très basses couches, ces appareils ont privilégié les reconnaissances visuelles à moyenne altitude, sans engagement dans les portions les plus encaissées du canyon. À l’inverse, les F-16 polonais, présents pour la deuxième fois à Iniochos, se sont volontiers mêlés au trafic à basse altitude, intégrant les mêmes runs que leurs homologues grecs.
Parmi les surprises du canyon 2025 : les F/A-18 Hornet espagnols – qui, à l’image de leurs collègues suisses ou finlandais sur d’autres exercices – ont démontré leur capacité à opérer à très basse altitude dans des environnements montagneux exigeants. Plus insolites encore, les PC-9M slovènes ont ponctué plusieurs sessions de familiarisation à vitesse modérée, profitant du canyon pour s’exercer à la navigation basse et aux procédures tactiques de vol nap-of-the-earth. Le clou du spectacle pour les spotters a peut-être été le passage inattendu – et répété – d’un Bell 412 monténégrin, offrant des clichés rarissimes d’un hélicoptère d’Europe du Sud-Est dans ce terrain si prisé des photographes spécialisés.
Au-delà des considérations esthétiques, cet entraînement en canyon répond à une logique tactique précise. Le vol à très basse altitude permet aux plateformes de rester sous les faisceaux radar ennemis, d’éviter certaines menaces sol-air, et de maximiser l’effet de surprise lors d’attaques ou d’infiltrations. Dans un contexte de guerre symétrique ou hybride, cette compétence demeure précieuse, même à l’ère des drones et du combat multi-domaine. Pour les aviateurs venus à Iniochos 2025, le canyon de Vouraïkos n’était donc pas un simple décor : c’était un outil d’entraînement à part entière, éprouvé, exigeant, et terriblement formateur.






































COMAO, night ops & JTAC – Le cœur tactique d’Iniochos 2025
Au-delà des vols de familiarisation et des runs à basse altitude, l’ossature tactique d’Iniochos 2025 repose sur un enchaînement millimétré de missions composites complexes, les célèbres COMAO (Combined Air Operations), qui constituent le véritable cœur de l’exercice. Deux par jour – parfois trois avec des extensions nocturnes – elles simulent, de manière réaliste, les premières 72 heures d’un conflit aérien de haute intensité. Ici, pas de scénario figé ni de menu déroulant : chaque jour apporte son lot de frictions, d’adaptations en temps réel et de décisions tactiques sous pression.
Des COMAO réalistes, dynamiques et impitoyables
Les COMAO d’Iniochos ne se contentent pas de cocher les cases doctrine. Elles s’inscrivent dans une narration opérationnelle cohérente, avec un fil rouge articulé autour d’une campagne aérienne contre un adversaire doté de moyens anti-aériens avancés (SAM à longue portée, défense en couches, réseaux EW), de capacités d’interdiction aérienne, mais aussi d’infrastructures critiques à neutraliser (radars, dépôts de munitions, nœuds C2, convois mécanisés, etc.). Chaque mission combine des effecteurs aux rôles variés : SEAD/DEAD, DCA, sweep, strike, CSAR, ISR, AAR, etc., intégrés dans des packages qui comptent jusqu’à 30 aéronefs coordonnés.
Ce qui fait la singularité d’Iniochos, c’est aussi la gestion en temps réel de l’opposition. La HAF, en charge de la “Red Air”, engage des escadrons entiers (F-16 Block 52+, Mirage 2000-5, parfois même F-4E AUP) dans des scénarios d’attaque, de défense ou de harcèlement. Ces adversaires sont expérimentés, volent "comme ils combattraient", et ne laissent aucun répit aux assaillants. Pour les équipages étrangers, c’est une véritable épreuve de feu tactique, loin des exercices trop "scriptés".
Night ops : quand l’intensité ne dort jamais
Autre volet emblématique d’Iniochos 2025 : les missions nocturnes. Organisées plusieurs fois dans la semaine, souvent en troisième rotation, elles introduisent une couche supplémentaire de complexité. Naviguer en coalition, en zone montagneuse, à moyenne ou basse altitude, avec des menaces sol-air actives, dans l’obscurité partielle ou totale, est un défi redoutable. Et pourtant, nombre de plateformes présentes – Tornado IDS italiens, Mirage 2000D français, F-16 grecs – sont taillées pour ce genre de profils.
Les night COMAO ont notamment permis aux équipages français et italiens de travailler les procédures tactiques multi-sensor en configuration offensive : attaques simultanées sur objectifs multiples, gestion du timing, désignation laser à distance ou autonome, accompagnées d'une coordination fine avec les ISR et les plateformes EW. Ces vols ont aussi été mis à profit pour entraîner ou certifier des modules tactiques spécifiques (prolongation de qualification night strike, CSAR night, etc.).
JTAC : les yeux au sol du théâtre tactique
Au sol, dans les zones de tir désignées ou sur des positions plus reculées, les Joint Terminal Attack Controllers (JTAC)grecs et étrangers jouent un rôle clé. Véritables chefs d’orchestre du feu aérien en appui, ils assurent la liaison entre les unités terrestres simulées et les plateformes aériennes. Leur mission : guider, coordonner, et autoriser les frappes dans un environnement de plus en plus saturé.
En 2025, des JTAC de plusieurs pays étaient intégrés aux opérations : USA (USAFE), France, Israël, mais aussi Grèce, qui déploie désormais des équipes particulièrement aguerries, parfois issues des forces spéciales (ETA). En appui d’un convoi ou depuis une FOB fictive, les JTAC opèrent en coordination avec les chasseurs-bombardiers, drones ISR et hélicoptères d’attaque. Ils sont capables de travailler dans tous les types d’environnements, y compris en nocturne, avec ou sans liaison numérique (ROVER, Link 16), en mode verbal radio ou via datalink.
Le réalisme avant tout
Ce qui distingue Iniochos d’autres exercices plus lourds mais parfois moins flexibles (comme Red Flag ou Anatolian Eagle), c’est la souplesse de sa structure et le réalisme brut des engagements. Ici, pas de faux-semblants : le succès d’une mission dépend réellement de la coordination, de la cohérence tactique et de la capacité des chefs de package à gérer l’imprévu.
Les outils de restitution post-mission, fournis par le KEAT (Kentro Aeroporikis Taktikis), sont à la hauteur. Grâce à un système complet de tracking, de replay 3D, de synchronisation radio/audio et d’analyse radar, les débriefings sont intenses, francs, souvent critiques — mais toujours orientés retour d’expérience. Pour de nombreux équipages, l’exercice est l’un des plus formatifs et réalistes auxquels ils auront participé dans leur carrière.









L'édition 2025
Sur le tarmac d’Andravida AB, le ballet des mécanos s’arrête à peine que déjà les APU rugissent. Dans un vacarme contrôlé, des profils venus des quatre coins du continent s’éveillent sous le soleil grec. Cette année encore, Iniochos 2025a réuni un panel d’appareils aussi riche qu’éclectique. Du chasseur multirôle moderne au bombardier tout-temps, en passant par les avions d’entraînement tactique ou les hélicoptères légers, chaque machine déployée avait sa place dans la trame opérationnelle de l’exercice. Tour d’horizon.
🇫🇷 4x Mirage 2000D – Le métronome français
Avec leurs livrées bicolores et leur puit de ravitaillement ventral, les Mirage 2000D du 3e Escadre de Chasse nancéienne font désormais partie des "habitués" d’Iniochos. Conçus pour le strike conventionnel à très basse altitude, ces delta sont optimisés pour des pénétrations terrain-masqué de jour comme de nuit. En 2025, ils ont joué un rôle central dans les missions SEAD, deep strike et CAS, souvent en binôme avec les JTAC déployés au sol ou en coordination avec des ISR étrangers. Profitant du canyon de Vouraïkos pour proroger des qualifications, les équipages français ont aussi utilisé l'exercice pour s’entraîner à la frappe en environnement contesté, avec présence simulée de systèmes SA-10/SA-17.
Avec leurs livrées bicolores et leur puit de ravitaillement ventral, les Mirage 2000D du 3e Escadre de Chasse nancéienne font désormais partie des "habitués" d’Iniochos. Conçus pour le strike conventionnel à très basse altitude, ces delta sont optimisés pour des pénétrations terrain-masqué de jour comme de nuit. En 2025, ils ont joué un rôle central dans les missions SEAD, deep strike et CAS, souvent en binôme avec les JTAC déployés au sol ou en coordination avec des ISR étrangers. Profitant du canyon de Vouraïkos pour proroger des qualifications, les équipages français ont aussi utilisé l'exercice pour s’entraîner à la frappe en environnement contesté, avec présence simulée de systèmes SA-10/SA-17.
🇮🇹 6x Tornado IDS/ECR – Le vétéran toujours redouté
Non loin d’être à la retraite, les Tornado italiens du 6° Stormo de Ghedi ont démontré qu’en matière de strike tactique, l’expérience reste une arme. Capables d’emporter des charges lourdes à grande distance tout en volant à la nappe, ils ont été systématiquement engagés dans des missions de deep interdiction à travers les vallées du Péloponnèse. Leur intégration dans les COMAO de nuit, avec libération d’armement simulé après ravitaillement, a permis aux plus jeunes équipages de valider leurs modules d’intégration en coalition, tout en mettant en valeur le savoir-faire italien en mission strike lourde.
Non loin d’être à la retraite, les Tornado italiens du 6° Stormo de Ghedi ont démontré qu’en matière de strike tactique, l’expérience reste une arme. Capables d’emporter des charges lourdes à grande distance tout en volant à la nappe, ils ont été systématiquement engagés dans des missions de deep interdiction à travers les vallées du Péloponnèse. Leur intégration dans les COMAO de nuit, avec libération d’armement simulé après ravitaillement, a permis aux plus jeunes équipages de valider leurs modules d’intégration en coalition, tout en mettant en valeur le savoir-faire italien en mission strike lourde.
🇬🇷 F-16 Block 52+ / F-16V – Les maîtres du terrain
Pilier de la HAF, le F-16 grec — toutes configurations confondues — a régné sur les COMAO. Doté de pods Litening, Sniper ou Reccelite, il s’est vu confier une palette complète de missions : sweep, DCA, SEAD, CAS ou ISR. Les F-16V (Viper), équipés de l’AESA APG-83, ont été mis à profit pour ouvrir les paquets et bousculer la Red Air. Très à l’aise dans le ciel local, les Grecs ont aussi fourni l'essentiel de l'aggressor, mettant à rude épreuve les tactiques défensives des autres nations. À noter : certains modules de F-16 grecs étaient intégrés à des missions CSAR, aux côtés d’hélicoptères ou d’ISR.
Pilier de la HAF, le F-16 grec — toutes configurations confondues — a régné sur les COMAO. Doté de pods Litening, Sniper ou Reccelite, il s’est vu confier une palette complète de missions : sweep, DCA, SEAD, CAS ou ISR. Les F-16V (Viper), équipés de l’AESA APG-83, ont été mis à profit pour ouvrir les paquets et bousculer la Red Air. Très à l’aise dans le ciel local, les Grecs ont aussi fourni l'essentiel de l'aggressor, mettant à rude épreuve les tactiques défensives des autres nations. À noter : certains modules de F-16 grecs étaient intégrés à des missions CSAR, aux côtés d’hélicoptères ou d’ISR.
🇬🇷 Mirage 2000-5 & F-4E AUP – L’expérience tactique grecque
Les Mirage 2000-5 hellènes ont principalement été engagés en CAP haute altitude, profitant de leur radar RDY et de leurs missiles MICA EM pour défendre des zones critiques. Quant aux F-4E AUP, ils ont assuré un rôle d’aggressor avec une rare pugnacité. Bien que vieillissants, ces "Rhino" modernisés conservent une puissance de feu redoutable et une empreinte tactique non négligeable dans des scénarios simulés de guerre asymétrique.
Les Mirage 2000-5 hellènes ont principalement été engagés en CAP haute altitude, profitant de leur radar RDY et de leurs missiles MICA EM pour défendre des zones critiques. Quant aux F-4E AUP, ils ont assuré un rôle d’aggressor avec une rare pugnacité. Bien que vieillissants, ces "Rhino" modernisés conservent une puissance de feu redoutable et une empreinte tactique non négligeable dans des scénarios simulés de guerre asymétrique.
🇵🇱 4x F-16C/D Block 52 – Les discrets mais efficaces
Déployés dans une configuration multirôle, les F-16 polonais ont alterné entre missions de CAS, ISR et sweep, souvent dans des modules mixtes avec les Grecs ou les Italiens. Peu démonstratifs, mais extrêmement professionnels, leurs équipages ont intégré les COMAO avec fluidité, confirmant la montée en puissance qualitative de la Siły Powietrzne dans les exercices OTAN hors territoire.
Déployés dans une configuration multirôle, les F-16 polonais ont alterné entre missions de CAS, ISR et sweep, souvent dans des modules mixtes avec les Grecs ou les Italiens. Peu démonstratifs, mais extrêmement professionnels, leurs équipages ont intégré les COMAO avec fluidité, confirmant la montée en puissance qualitative de la Siły Powietrzne dans les exercices OTAN hors territoire.
🇪🇸 4x F/A-18 Hornet – Le retour des Ibères
Les Hornet espagnols ont apporté leur touche de polyvalence. Capables de basculer d’une posture air-air défensive à un engagement air-sol dans le même run, ils ont servi de wildcard tactique dans plusieurs COMAO. Leur travail de nuit, notamment lors d’une mission SEAD/strike avec les Tornado italiens, a été salué pour sa précision.
Les Hornet espagnols ont apporté leur touche de polyvalence. Capables de basculer d’une posture air-air défensive à un engagement air-sol dans le même run, ils ont servi de wildcard tactique dans plusieurs COMAO. Leur travail de nuit, notamment lors d’une mission SEAD/strike avec les Tornado italiens, a été salué pour sa précision.
🇮🇳 4x Su-30MKI – La force tranquille
Les lourds bimotoeurs indiens étaient peu présents dans les runs en basse altitude mais ont été employés comme escort fighters et ISR armés. Grâce à leur rayon d’action et leur suite EW, ils ont servi de plateforme d’appui dans plusieurs scénarios longue portée. Leur présence a également été mise à profit pour tester l’interopérabilité via Link 16 passerelles, avec retour de data vers les cellules C2 du KEAT.
Les lourds bimotoeurs indiens étaient peu présents dans les runs en basse altitude mais ont été employés comme escort fighters et ISR armés. Grâce à leur rayon d’action et leur suite EW, ils ont servi de plateforme d’appui dans plusieurs scénarios longue portée. Leur présence a également été mise à profit pour tester l’interopérabilité via Link 16 passerelles, avec retour de data vers les cellules C2 du KEAT.
🇸🇮 3x PC-9M – La précision des petits calibres
Peu habituels dans ce genre d’exercice, les PC-9M slovènes ont été intégrés à des modules JTAC, CAS et appui aérien indirect. Simulant des frappes légères, voire des missions d’observation avancée, ils ont permis d’entraîner les troupes au sol à l’interaction avec des plateformes à faible vitesse.
Peu habituels dans ce genre d’exercice, les PC-9M slovènes ont été intégrés à des modules JTAC, CAS et appui aérien indirect. Simulant des frappes légères, voire des missions d’observation avancée, ils ont permis d’entraîner les troupes au sol à l’interaction avec des plateformes à faible vitesse.
🇲🇪 1x Bell 412 – L’outsider inattendu
Le Bell 412 monténégrin n’a certes pas bousculé l’espace tactique, mais sa participation a symbolisé l’ouverture d’Iniochos à des acteurs non traditionnels. Employé en MEDEVAC, transport tactique ou mission d’appui fictive, il a démontré la volonté du Monténégro d’intégrer les standards OTAN en matière d’interopérabilité.
Le Bell 412 monténégrin n’a certes pas bousculé l’espace tactique, mais sa participation a symbolisé l’ouverture d’Iniochos à des acteurs non traditionnels. Employé en MEDEVAC, transport tactique ou mission d’appui fictive, il a démontré la volonté du Monténégro d’intégrer les standards OTAN en matière d’interopérabilité.
🇺🇸 United States – F-16C 'Florida Makos' & Tanker Support
C’est un petit détachement, mais remarquablement affûté, qui a traversé l’Atlantique pour représenter l’US Air Force à Iniochos 2025 : les F-16C du 93rd Fighter Squadron "Makos", basés à Homestead AFB en Floride. Leur présence n’était pas anodine : ce squadron de la Air Force Reserve Command est spécialisé dans les opérations de dissuasion dans l’hémisphère occidental mais régulièrement engagé dans des exercices européens, où il apporte son expérience des déploiements rapides et des engagements dynamiques de type DCA/OCA en coalition.
C’est un petit détachement, mais remarquablement affûté, qui a traversé l’Atlantique pour représenter l’US Air Force à Iniochos 2025 : les F-16C du 93rd Fighter Squadron "Makos", basés à Homestead AFB en Floride. Leur présence n’était pas anodine : ce squadron de la Air Force Reserve Command est spécialisé dans les opérations de dissuasion dans l’hémisphère occidental mais régulièrement engagé dans des exercices européens, où il apporte son expérience des déploiements rapides et des engagements dynamiques de type DCA/OCA en coalition.
Ces appareils affichaient fièrement le mako shark stylisé sur la dérive, symbole du squadron. Leur engagement à Iniochos visait notamment à renforcer l’interopérabilité avec les partenaires OTAN et non-OTAN, à travers des scénarios d'engagement multi-domaines.
Le soutien logistique et ravitaillement était assuré par des KC-135R Stratotanker déployés à Elefsis, et un KC-46A Pegasus venu de Chania, démontrant la montée en puissance progressive de ce nouveau ravitailleur dans les engagements conjoints. Bien que peu visibles depuis les abords d'Andravida, ces appareils ont opéré quotidiennement pour soutenir la manœuvre alliée, avec une discrétion toute américaine.
🇦🇪 4x United Arab Emirates – Mirage 2000-9
C’est l’une des participations les plus rares — et les plus attendues — de cette édition 2025 : quatre Mirage 2000-9 des forces aériennes des Émirats arabes unis avaient fait le déplacement en Grèce. Ces appareils, dérivés très modernisés du Mirage 2000-5, constituent aujourd’hui la colonne vertébrale de l’AdA émirienne, en attendant la montée en puissance des Rafale.
C’est l’une des participations les plus rares — et les plus attendues — de cette édition 2025 : quatre Mirage 2000-9 des forces aériennes des Émirats arabes unis avaient fait le déplacement en Grèce. Ces appareils, dérivés très modernisés du Mirage 2000-5, constituent aujourd’hui la colonne vertébrale de l’AdA émirienne, en attendant la montée en puissance des Rafale.
Leur présence était hautement symbolique : elle témoignait du rapprochement croissant entre Abu Dhabi et Athènes sur le plan sécuritaire. Pourtant, la déception fut palpable parmi les passionnés présents aux Spotter Days : c’est précisément le jour où les Mirage émiratis n’ont pas volé, ce qui en a frustré plus d’un. Malgré cela, leur simple présence sur le tarmac, avec leurs lignes familières mais rares, a suffi à faire crépiter les téléobjectifs. Un parfum de Dassault, mâtiné d’exotisme désertique.
🇶🇦 4x Qatar – F-15QA Ababil
Autre moment fort du line-up statique : la venue de quatre F-15QA Ababil de l’armée de l’air qatarienne. Ces appareils — parmi les plus avancés de la famille Strike Eagle — participaient là à l’un de leurs tout premiers exercices multinationaux majeurs à l’étranger, ce qui n’est pas passé inaperçu.
Autre moment fort du line-up statique : la venue de quatre F-15QA Ababil de l’armée de l’air qatarienne. Ces appareils — parmi les plus avancés de la famille Strike Eagle — participaient là à l’un de leurs tout premiers exercices multinationaux majeurs à l’étranger, ce qui n’est pas passé inaperçu.
Livrés récemment, les F-15QA sont issus d’un partenariat étroit avec Boeing et intègrent des systèmes d’armes de dernière génération : radar AESA, cockpit à écrans larges (comme sur le F-15EX), commandes de vol numériques, et une panoplie complète pour des missions air-air et air-sol profondes. Leur participation à Iniochos symbolise l’ambition croissante de Doha de s’insérer dans les dynamiques régionales, au-delà du Golfe.
Les appareils, encore flambants neufs, affichaient leur livrée gris clair avec cocardes qataries, et ont été photographiés intensément au roulage comme en statique — pour beaucoup, une première rencontre avec cette version rare et surpuissante du Eagle.
🇮🇱 1x Israel – Gulfstream G-550 Nachshon
La participation israélienne à Iniochos reste traditionnellement mesurée mais significative. En 2025, c’est un Gulfstream G-550 Nachshon qui a été engagé, dans sa version dédiée au renseignement et à la guerre électronique. Plateforme discrète mais cruciale, le Nachshon joue un rôle d’amplificateur de puissance dans tout engagement de Tsahal.
La participation israélienne à Iniochos reste traditionnellement mesurée mais significative. En 2025, c’est un Gulfstream G-550 Nachshon qui a été engagé, dans sa version dédiée au renseignement et à la guerre électronique. Plateforme discrète mais cruciale, le Nachshon joue un rôle d’amplificateur de puissance dans tout engagement de Tsahal.
Malheureusement, l’appareil n’a pas été vu durant les Spotter Days, opérant visiblement en horaire décalé ou depuis un autre terrain grec. Sa présence, confirmée par l’Hellenic Air Force, reste néanmoins un marqueur fort : Israël continue de prendre part à l’exercice, dans une posture sobre mais stratégiquement investie, fidèle à son approche sécuritaire régionale.
Un creuset multinational… mais tactiquement cohérent
L’une des grandes réussites d’Iniochos 2025 réside dans sa capacité à intégrer des flottes hétérogènes dans une architecture tactique crédible. Qu’ils volent sur plateforme ancienne ou récente, chaque équipage est soumis au même niveau d’exigence, au même rythme opérationnel, et au même schéma de restitution post-mission. Ce format exigeant pousse les nations à déployer des modules autonomes, capables de fonctionner en coalition, tout en adaptant leur doctrine à celle des autres.
À Andravida, on ne vient pas juste pour « montrer le drapeau ». On vient pour voler, progresser, et – parfois – se faire secouer.
Une journée sur base à Andravida
Le lundi 7 avril, la base d’Andravida a ouvert ses portes à près d’un millier de photographes et de passionnés venus assister au Spotter Day.
Le Spotter Day d’Iniochos 2025 s’annonçait comme un moment phare du calendrier européen pour les passionnés d’aviation militaire. Pour les photographes venus de toute l’Europe — et au-delà — c’était surtout une nouvelle opportunité de capturer les légendaires McDonnell Douglas F-4E Phantom II de la Force aérienne hellénique. Toujours opérationnels au sein du 338 Mira "Ares" à Andravida, ces vénérables chasseurs-bombardiers approchent de la fin de leur carrière, bien qu’aucune date officielle de retrait n’ait encore été annoncée. En 2025, seuls trois pays dans le monde — la Grèce, la Turquie et l’Iran — exploitent encore le Phantom en ligne.
À cette occasion, la HAF a d’ailleurs discrètement célébré les 50 ans d’opérations Phantom en organisant un petit événement sur base. Et pour le plus grand plaisir des photographes présents, deux F-4E ont offert une démonstration le matin, dans un ciel bleu azur, avec la lumière brute du printemps grec. Une ambiance à la fois historique et émotive, tant ces lignes devenues rares évoquent des décennies d’histoire aérienne.
Malheureusement, la journée a aussi été marquée par certaines frustrations pour les spotters. En premier lieu, parce que la COMAO principale était planifiée le matin, ce qui a considérablement réduit l’activité en vol l’après-midi. Pas de Su-30 indiens ni de F-15 qataris visibles en vol après-midi, alors que la lumière devenait enfin exploitable. Le matin, en effet, le soleil de face a rendu les prises de vues difficiles, avec un contre-jour sévère sur le taxiway principal.
Autre déception : la non-participation des Mirage 2000-9 émiratis ce jour-là. Attendus de pied ferme par les passionnés de chasseurs exotiques, les appareils de l’UAEAF n’ont tout simplement pas volé ce jour-là, seul jour de l’exercice où ils sont restés cloués au sol. Un coup dur, tant leur présence est rare sur le continent européen.
À cela s’est ajouté un facteur logistique : la forte affluence de photographes, probablement plusieurs centaines regroupés sur la base d’Andravida. Si la HAF mérite des éloges pour son accueil — rare, dans un contexte sécuritaire de plus en plus contraint —, le nombre élevé de participants a probablement nui à la qualité des opportunités photographiques, avec des zones parfois surpeuplées et peu flexibles.
Enfin, il faut souligner que ce Spotter Day coïncidait avec le DV Day (Distinguished Visitors Day), autrement dit la journée réservée aux délégations officielles et VIP. Historiquement, c’est souvent le jour où l’activité aérienne est la plus faible, et 2025 n’a pas échappé à la règle : plusieurs rotations prévues ont été annulées ou réduites, probablement pour libérer le tarmac et limiter le bruit lors des présentations diplomatiques.
Malgré tout, la journée a permis de vivre de l’intérieur un grand exercice multinational, avec quelques moments mémorables, et la satisfaction d’assister à une dynamique aérienne qui, malgré les contraintes, continue de faire vivre l’esprit des exercices interalliés. Et rien ne pourra vraiment effacer le rugissement rauque d’un Phantom au départ… peut-être pour l'une des dernière fois.














