
RNAS Yeovilton International Air Day 2017
Yeovilton, samedi 8 juillet 2017. Le soleil éclaire sans réserve la vaste plaine du Somerset, révélant au loin les silhouettes familières des hangars et du grand mât à pavillon blanc de la Royal Navy. Sur la base, l’animation est déjà à son comble : familles, passionnés, photographes et anciens marins se pressent le long des barrières, impatients de voir débuter ce rendez-vous incontournable de l’aviation navale. Cette année, près de 40 000 visiteurs sont attendus pour une journée qui promet un savant mélange d’héritage historique, de puissance aérienne moderne et de pédagogie.
À 11 heures précises, le silence est brisé par le grondement compact d’un Pitts Special. Rich Goodwin, fidèle au rendez-vous, enchaîne tonneaux déclenchés, montées verticales et vrilles sans perte d’énergie, arrachant les premiers applaudissements nourris. Le tempo est donné. Rapidement, les hélicoptères de la Fleet Air Arm prennent le relais : un Wildcat HMA2 file en translation avant de pivoter sèchement, démontrant la maniabilité du dernier-né de Westland, suivi du robuste Merlin Mk2 dont le gabarit n’entame en rien la précision des manœuvres.
Le programme bascule ensuite vers l’histoire, avec le passage solennel de la Battle of Britain Memorial Flight : un Spitfire escortant le vénérable Lancaster, leurs moteurs Merlin et Rolls-Royce vrombissant à l’unisson au-dessus des spectateurs. Mais la suite annonce encore plus de décibels : le duo de Rafale M français, dont le superbe décoré à l'occasion du Tiger Meet, laissent derrière eux un sillage humide dans l’air chaud, avant que le Typhoon britannique ne vienne faire de même.
L’après-midi se poursuit avec la présentation de l’Apache de l’Army Air Corps, les évolutions des Black Cats en Wildcat, et, clou de la journée pour beaucoup, l’arrivée des Red Arrows. En formation diamant, puis éclatant en éventail dans leurs panaches rouges et bleus, ils enchaînent croisements à faible séparation et figures spectaculaires, salués par des “ooh” et “ahh” collectifs. Mais ce n’est pas fini : la clôture est confiée à la Patrouille Suisse. Les sept F-5E Tiger III rouges et blancs, d’une élégance racée, offrent un final d’une précision chirurgicale, concluant le spectacle dans un parfum de kérosène et de poudre colorée.
Au sol, l’exposition statique attire tout autant. Sur le tarmac, un impressionnant C-17 Globemaster III du 315th Airwing américain côtoie un F-16AM belge orné d’une livrée commémorative. Les amateurs de pièces rares se régalent avec le MiG-15UTI norvégien, le Westland Whirlwind HAR10, et même deux Gloster Meteor modifiés pour tester les sièges éjectables de Martin-Baker. Les visiteurs peuvent grimper à bord, échanger avec les équipages, ou simplement s’attarder sur les lignes élégantes et patinées de ces machines historiques.
Mais Yeovilton ne se contente pas de montrer : il veut transmettre. Dans un grand espace dédié, des stands STEM (Science, Technology, Engineering & Maths) proposent simulateurs de vol, défis d’ingénierie et même un Schools Build-a-Plane, projet où des élèves exposent un avion construit de leurs mains. Les sourires des jeunes visiteurs, casque d’écoute sur la tête, traduisent la réussite de cette mission parallèle : susciter des vocations.
Quand la Patrouille Suisse s’éclipse et que la foule s’éloigne vers les parkings, il reste dans l’air le parfum mêlé de gaz d’échappement et d’herbe coupée. Yeovilton 2017 aura été fidèle à sa réputation : un concentré de tradition navale, de démonstrations de haut vol et de convivialité britannique, avec ce supplément d’âme que seule une base vivante, chargée d’histoire et tournée vers l’avenir, peut offrir.