La Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons
Située dans la région Occitanie en France, elle représente un élément essentiel du système national de secours et de protection. En tant que plaque tournante de la sécurité civile, cette base joue un rôle crucial dans la gestion des crises, des urgences et des catastrophes naturelles qui peuvent survenir dans la région et au-delà. Cet article met en lumière l'importance de la Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons, son histoire, ses missions et son impact sur la protection des citoyens. L'organisation de la lutte contre les feux de forêt est coordonnée par la DGSCGC. Pour ce faire, elle s'appuie depuis 2021 sur un État-major de la sécurité civile (EMSC), dont le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC) assure le commandement des opérations.
La Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons a été créée dans les années 1960 pour répondre aux besoins croissants de la sécurité civile en France. La décision de transférer l'ensemble des hommes et des matériels de la sécurité civile du site, devenu obsolète à Marignane, vers Nîmes a été prise en 2013. Son emplacement stratégique, à proximité de Nîmes, offre un accès rapide à la fois aux zones densément peuplées et aux régions rurales éloignées. Au fil des ans, la base a évolué pour devenir un centre d'excellence en matière de secours et de protection, et elle est devenue une référence dans le domaine de la gestion des crises.
Les missions
-Lutte contre les incendies : La base de Nîmes-Garons est équipée de moyens aériens tels que des avions-citernes bombardiers d'eau, qui peuvent rapidement se rendre sur les lieux d'incendies de forêt et de végétation pour les maîtriser avant qu'ils ne prennent de l'ampleur.
-Secours médicalisé : La base abrite des hélicoptères d'évacuation sanitaire qui peuvent intervenir dans les zones difficiles d'accès et évacuer rapidement les blessés vers les établissements de santé appropriés.
-Recherche et sauvetage : La base est impliquée dans les opérations de recherche et de sauvetage en collaboration avec les services d'urgence locaux, nationaux et internationaux. Elle intervient notamment lors d'incidents en montagne, de catastrophes naturelles et d'accidents maritimes.
-Surveillance aérienne : La base dispose de moyens de surveillance aérienne qui permettent de détecter rapidement les feux de forêt, les inondations, les glissements de terrain et autres événements susceptibles de menacer la population.
-Formation et prévention : Outre ses missions opérationnelles, la Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons joue également un rôle important dans la formation des personnels de secours et dans la sensibilisation du public aux risques et aux mesures de prévention.
Les moyens engagés
La quasi-totalité des moyens aériens de la sécurité civile est concentrée sur la base aérienne de la sécurité civile (BASC) de Nîmes. Dans le cadre de la saison des feux 2022, beaucoup d'observateurs ont appelé à la création d'une nouvelle base aérienne de la sécurité civile, plus particulièrement dans le Sud-Ouest de la France, afin d'assurer une meilleure couverture du territoire par les forces aériennes dans le contexte d'extension territoriale du risque « feux de forêt ». Le ministre de l'intérieur a par ailleurs annoncé dans le cadre de la présentation de la LOPMI, que le Gouvernement étudiait l'opportunité de la création d'une seconde base aérienne, afin de pouvoir intervenir au plus vite lors des départs de feux. La piste d'une future base implantée dans la zone Sud-Ouest a été confirmée dans le cadre du déplacement du ministre de l'intérieur à La Teste-de-Buch le 11 avril 2023.
Le maillage des pélicandromes sur le territoire constitue un enjeu essentiel pour limiter le délai de rotation des appareils entre deux largages. Ces stations, équipées par la plupart en produit retardant, sont essentielles à la mission de GAAr assurée par les Dash. D'après Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), « plus le pélicandrome est proche, plus les délais de rotation des appareils est court, et plus il sera facile de contenir les feux ». Les Canadair, qui n'utilisent quasiment pas de retardant, et dont le ravitaillement s'effectue essentiellement sur des plans d'eau, sont moins concernés par cette problématique. Il ressort toutefois des auditions du rapporteur spécial que ces plans d'eau deviendraient de moins en moins accessibles, en raison de la baisse des nappes phréatiques provoquées par le réchauffement climatique.
Les pélicandromes ont fait l'objet en février 2023 d'un audit approfondi par l'EMSC. Il a ainsi permis de faire un état des lieux de ces stations, en recensant précisément celles susceptibles d'accueillir des Dash. Il doit servir de base de travail pour repenser le maillage de ces différentes stations (voir infra). Cette étude a également permis de souligner certains dysfonctionnements rencontrés, notamment dans le cadre de la saison « feux de forêt » de 2022, dont l'intensité a conduit à des difficultés d'approvisionnement en produit retardant.
La présence de la Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons a un impact significatif sur la protection des citoyens. En étant en mesure d'intervenir rapidement et efficacement lors de situations d'urgence, la base contribue à réduire les délais d'intervention, minimisant ainsi les risques pour la population et les biens. L'utilisation des avions-citernes bombardiers d'eau dans la lutte contre les incendies de forêt a prouvé son efficacité pour circonscrire rapidement les flammes, évitant ainsi des dégâts majeurs à l'environnement et aux infrastructures. Actuellement la DGSCGC dispose de 22 pélicandromes sur le territoire national métropolitain dont 4 en Corse. Sur ces 22 stations, 17 délivrent du produit retardant et 5 sont armées à l'eau uniquement. 14 pélicandromes sont situés en zone Sud, 2 en zone Sud-ouest, 3 en zone Ouest, 1 en zone Nord, 1 en zone Est et 1 en zone Sud-Est.
Dans son rapport de 2019 sur les feux de forêt, le rapporteur spécial a souligné la nécessité d'assurer une couverture géographique plus vaste des pélicandromes16. À cet égard, le rapporteur spécial se félicite de la création de plusieurs de ces points de ravitaillement ces dernières années, au nord, à l'est et à l'ouest du pays. La DGSCGC a engagé, depuis 2020, une réflexion sur l'extension des pélicandromes en dehors des zones habituellement touchées par les incendies de forêt. Dans ces conditions, plusieurs départements ont initié des aménagements de station au sein des aéroports tels que celui de Saint Etienne, de Châteauroux, d'Angers ou de Vannes. Toutefois, il ressort des auditions du rapporteur spécial que ce maillage est toujours insuffisant pour répondre à l'extension géographique du risque incendie. Ce constat est particulièrement frappant dans le Sud-Ouest de la France, presque cinq fois moins doté que la zone Sud. Ce diagnostic est partagé par le chef de l'EMSC, François Pradon, qui estime que « ce maillage est insuffisant, notamment en zone Sud-Ouest : il n'y a qu'un pélicandrome à Bordeaux, et aucun autre dans la forêt aquitaine ».
Les hélicoptères "Dragon" de la Sécurité civile
Les hélicoptères jaune et rouge de la Sécurité civile sont connus du grand public sous le nom de « Dragon ». Ils sont à la disposition des sapeurs-pompiers, mais aussi du SAMU, de la police ou encore la gendarmerie, essentiellement pour accomplir des missions de secours d’urgence et de sauvetage. Ces appareils, de type EC-145, sont une trentaine en France, réunis dans le groupement d’hélicoptères de la Sécurité civile (GHSC) qui intervient depuis plus de 60 ans. Ils peuvent atteindre les 220km/h, ce qui leur permet d’être très rapidement mobilisés en cas de besoin.
L’équipage de chaque hélicoptère est composé d’un pilote et d’un mécanicien opérateur. La cabine peut ensuite accueillir plusieurs professionnels en fonction de l’intervention à effectuer. Bien que les hélicoptères Dragon de la Sécurité civile soient dédiés au secours à personne, ils peuvent occasionnellement remplir des missions d'assistance technique, de police ou de reconnaissance sur les feux de forêts. Les sapeurs-pompiers spécialistes du groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP) et du secours en montagne ainsi que les nageurs-sauveteurs sont régulièrement amenés à embarquer à bord de ces hélicoptères. Ces derniers sont équipés d’un treuil permettant de faire descendre les secouristes auprès de la victime et de remonter celle-ci lorsqu’elle se trouve dans un endroit difficile d’accès, en montagne ou en mer. L’hélitreuillage est une manœuvre spectaculaire mais délicate, qui exige de la part des sauveteurs rigueur et sang-froid.
Les EC-145 de la Sécurité civile peuvent également intervenir dans le cadre de la lutte contre les feux de forêts, en tant qu'hélicoptères de secours mais aussi de commandement, en se mettant en vol stationnaire pour surveiller les zones atteintes par les incendies.
Les avions bombardiers d'eau de la Sécurité civile
Il existe plusieurs types d'avions bombardiers d'eau dans la flotte nationale de la Sécurité civile : les Canadair, les Tracker, les Dash et les Beechcraft. Pilotés par des professionnels, ils sont essentiellement mobilisés pour des missions de prévention, de reconnaissance et d'extinction des feux de forêts. Ils interviennent en coordination avec les sapeurs-pompiers mobilisés au sol.
Depuis 2017, la base aérienne de la Sécurité civile (BASC) est située à Nîmes-Garons, dans le département du Gard. Les avions peuvent néanmoins être repositionnés temporairement sur d'autres sites en fonction des événements et des besoins en termes d'intervention.
Les Canadair
Facilement reconnaissable à ses couleurs jaune et rouge, le Canadair est le plus gros bombardier d’eau de la Sécurité civile française, qui en compte douze*, dont trois* sont basés en Corse, à Ajaccio. Depuis quelques années, le modèle CL-415 a remplacé le CL-215, qui était le premier avion conçu spécialement pour la lutte contre les incendies. Ses réservoirs peuvent contenir plus de 6.000 litres d’eau.
Le Canadair est un avion amphibie, qui peut se poser sur l’eau (amerrir) et en redécoller. Il a aussi la capacité de se ravitailler en vol, ce qui constitue un gain de temps précieux par rapport à d’autres avions contraints de rentrer sur leur base aérienne pour se réapprovisionner. Pour cela, il doit frôler la surface d’un plan d’eau, qui peut être un lac, un fleuve ou la mer, sur une longueur d’environ 1.500 mètres. Cette opération s’appelle l’écopage et ne dure que 12 secondes en moyenne, pour 6 tonnes d’eau recueillies.
Les Dash
La Sécurité civile française est équipée de trois* Dash-8 Q400 en version bombardier d’eau, puisque cet avion est initialement destiné au transport de passagers.
Le Dash dispose d’un réservoir de 10.000 litres d’eau ou de produit retardant, soit 4 tonnes de plus que le Canadair. Sa vitesse lui permet de couvrir l'ensemble de la zone sud-ouest : le Dash peut relier Nîmes-Bordeaux en une heure, contre deux pour le Canadair.
Polyvalent, il peut aussi transporter des passagers ou des équipements. D'ici 2023, les trois Dash de la Sécurité civile devraient être rejoints par 6 avions MRBET "Multi-rôle bombardier d'eau et transport", censés remplacer les Tracker.
Les Beechcraft
Contrairement aux autres appareils de la Sécurité civile, le Beechcraft B200, ou Beech 200 Super King Air, n'est pas un bombardier d'eau, mais un avion de liaison et de reconnaissance.
Il assure la coordination en vol des opérations aériennes ainsi que des missions d'investigation et de surveillance des zones à risques élevés. En cas de besoin, il peut également transporter des personnels dans des zones difficiles d'accès.
La Sécurité civile française compte actuellement trois Beechcraft B200, capables d'atteindre la vitesse de 500km/h.
Les Tracker
Plus petits et plus anciens que les Canadair, les Tracker S-2FT étaient à l’origine des avions militaires dédiés à la lutte anti-sous-marine. Reconvertis en bombardiers d’eau dans les années 1970, la retraite des Tracker bombardiers d’eau de la Sécurité Civile, basée à Nîmes-Garons dans le Gard, a eu lieu en avril 2020. Les sept appareils encore en service sont définitivement retirés de la flotte.
Les Tracker étaient utilisés en priorité sur des missions de surveillance et de première intervention, dites missions de guet aérien armé (GAAR). En raison de leur rapidité, ils sont souvent les premiers à intervenir pour l'attaque de feux naissants. Capables d’emporter plus de 3 tonnes d’eau, ils peuvent dans un premier temps larguer le produit retardant, qui sert à ralentir la propagation du feu et donne une couleur orangée aux largages. Les Canadair sont ensuite mobilisés lorsque l’incendie est plus étendu. De plus, la Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons joue un rôle essentiel dans la coordination des efforts de secours avec d'autres agences gouvernementales et organisations non gouvernementales, favorisant ainsi une approche holistique de la gestion des crises.
La Base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons incarne l'engagement indéfectible de la France envers la sécurité et la protection de ses citoyens. Sa présence et ses missions diverses en font un pilier essentiel du système national de sécurité civile, contribuant à sauver des vies, à protéger l'environnement et à atténuer les conséquences des catastrophes. Grâce à cette base, la région Occitanie et la France tout entière sont mieux préparées pour faire face aux situations d'urgence, garantissant ainsi un avenir plus sûr pour tous.